Le chef de l'ADQ, Mario Dumont, repousse à plus tard l'idée de réclamer la réouverture de la Constitution canadienne pour donner au Québec plus d'autonomie. «L'urgence no 1, c'est de sortir de la crise économique», a-t-il affirmé à la clôture du conseil général de son parti, hier.

Selon lui, le lancement de nouvelles négociations constitutionnelles devrait se faire après cette crise, «en temps et lieu». Réunis à Drummondville, les militants adéquistes ont également modifié de façon importante la stratégie du parti en vue de faire des gains constitutionnels. Les demandes du Québec devront être entérinées par l'ensemble des provinces, ont-ils décidé.Dans le document sur la vision autonomiste qui a été adopté ce week-end, l'ADQ souhaite notamment que la reconnaissance du Québec comme nation et l'encadrement du pouvoir fédéral de dépenser soient enchâssés dans la Constitution. Le parti de Mario Dumont veut aussi le rapatriement des pouvoirs et des ressources financières en matière de culture, de communications, de développement régional, d'assurance emploi et d'allocations familiales.

Le document a toutefois été amendé pour préciser que ces objectifs doivent être «réalisés en amorçant un processus de discussion avec nos partenaires provinciaux pour en arriver à un consensus».

Mario Dumont a tenté de minimiser l'impact de cet amendement. «Si on veut obtenir des résultats pour les Québécois, il faut arriver avec à l'esprit que c'est une ronde Canada. On pense qu'il faut être capable de mettre sur la table les besoins des autres parties du Canada et voir comment on peut faire évoluer ça de façon que le Québec puisse arriver à des résultats, des avancées. Il n'y a pas de «c'est à prendre ou à laisser». Il n'y a pas de couteau sur la gorge. Ça a été essayé, et ça n'a pas eu de succès», a-t-il expliqué.

«On pense qu'en discutant de bonne foi avec nos partenaires, on va faire avancer un bon nombre de points, peut-être plus qu'on pense. Et on est prêts à être jugés là-dessus au bout de quatre ans», a-t-il ajouté.

Les demandes formulées dans le document représentent donc une base de négociation. «Pour que le Québec devienne signataire de la Constitution, il y a un plancher minimum, une base en dessous de laquelle on ne peut pas aller», a-t-il souligné. Mais il n'a pas précisé ce qu'est ce «plancher minimum».

Moins insistant

Quoi qu'il en soit, le débat constitutionnel devra se faire «en temps et lieu», a précisé Mario Dumont. Pour l'heure, il croit qu'il faut se concentrer sur la crise économique afin d'en réduire les impacts sur la population. M. Dumont, qui pressait depuis des mois le gouvernement Charest d'agir sur le front constitutionnel, se fera donc moins insistant.

Le chef adéquiste a dû se défendre d'adopter la même position que les libéraux, qui disent attendre que «le fruit soit mûr» pour réclamer de nouvelles négociations constitutionnelles.

«Cette image du fruit mûr est nulle venant de Jean Charest, qui met le fruit à l'ombre, qui fait tout pour ne pas que ça arrive. Nous n'avons pas peur de ce débat. Il ne s'agit pas de reporter le débat, il s'agit de faire face d'abord à l'urgence», a-t-il souligné.

Pour M. Dumont, «les moments de sortie de crise économique sont des grands moments de reconstruction». Il a donné l'exemple du New Deal de Roosevelt.

Devant ses militants réunis à Drummondville, le chef adéquiste a présenté son plan «sortie de crise». Après la tempête, un éventuel gouvernement de l'ADQ moderniserait l'État - avec une réforme de la santé, par exemple -, et «rebâtirait» les écoles - notamment pour corriger les «erreurs de la réforme Marois». Puis il aborderait le débat constitutionnel.

«Irresponsable»

Mario Dumont juge que Jean Charest serait irresponsable de déclencher des élections alors que des turbulences économiques secouent le Québec. «Personne au Québec ne parle d'élections. Quand on leur en parle, les gens n'en croient pas leurs oreilles, ils ne veulent pas y croire», a-t-il affirmé. Des élections seraient à ses yeux inutiles.

Pour le whip en chef François Bonnardel, «si le gouvernement Charest est pressé par des intérêts partisans à dépenser 100 millions pour des élections que les Québécois ne veulent pas, il en paiera le prix le jour du vote». Son collègue le député Christian Lévesque doute que des élections «qui vont retarder de quatre mois la prise de décision au niveau économique soient la meilleure chose maintenant».