L'ancienne ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, est invitée par le comité de la justice à livrer sa version des faits dans l'affaire SNC-Lavalin dès demain, à 15h15.

C'est la proposition que vient de lui soumettre le président du comité permanent de la Chambre des communes, Anthony Housefather, qui accepte par ailleurs que Mme Wilson-Raybould prenne la parole pendant 30 minutes en lever de rideau. C'est trois fois plus que le temps alloué normalement aux témoins entendus devant un comité parlementaire.

Hier, le premier ministre Justin Trudeau a autorisé par décret l'ancienne procureure générale du Canada à divulguer « tout renseignement confidentiel » émanant du cabinet en plus de la libérer du privilège « avocat-client » et de « tout autre devoir de confidentialité » pour qu'elle puisse s'exprimer spécifiquement sur le cas de la firme québécoise.

La seule contrainte qui lui est imposée est de ne rien révéler des échanges directs entre elle et la directrice des poursuites pénales (DPP), Kathleen Roussel, afin de « préserver l'intégrité de toute procédure civile ou pénale » en cours devant la justice.

Toute la classe politique sera suspendue aux lèvres de Mme  Wilson-Raybould alors que le Tout-Ottawa est complètement paralysé depuis la révélation, il y a maintenant près de trois semaines, d'allégations d'ingérence politique dans l'affaire SNC-Lavalin.

Dans une lettre adressée à M. Housefather, hier, Mme Wilson-Raybould réclamait un temps de parole de 30 minutes à l'ouverture de son témoignage pour qu'elle puisse, pendant ce délai, offrir « son meilleur souvenir » des communications qu'elle a eues avec le premier ministre Justin Trudeau ou des membres de son entourage au sujet de SNC-Lavalin.

À son arrivée aux Communes ce matin, l'actuel ministre de la Justice, David Lametti, a rappelé qu'il était « complexe » de « trouver l'équilibre » entre « la transparence » et « la protection » des procédures judiciaires et des institutions juridiques.

« C'est complexe. Il y a de nombreux aspects qu'il fallait protéger et c'est ce qu'on va faire, mais tout le temps en bonne foi pour évidemment faciliter la possibilité que des personnes puissent donner leur point de vue », a indiqué le ministre Lametti.  

Il y a quelques jours, Justin Trudeau avait demandé à M. Lametti de lui fournir ses recommandations sur la possibilité de lever le secret professionnel dans la foulée de la controverse.

Dès le 4 septembre dernier, la directrice des poursuites pénales a écarté l'option de négocier un accord de réparation avec SNC-Lavalin, ce qui aurait permis à la firme d'ingénierie, accusée de fraude et de corruption pour avoir versé 47 millions en pots-de-vin entre 2001 et 2011 pour obtenir des contrats du gouvernement de la Libye, d'éviter un procès criminel.

Un verdict de culpabilité priverait l'entreprise québécoise de contrats publics fédéraux pendant 10 ans.