Tout en ayant confirmé publiquement une intervention russe dans la plus récente élection générale fédérale et mis en garde contre une récidive plus que probable, le gouvernement Trudeau rejette un appel à fournir le moindre détail sur cette ingérence présumée.

Il refuse de répondre à une question écrite du député conservateur Blaine Calkins, qui rappelle que le premier ministre avait évoqué en septembre une ingérence directe de la part de la Russie lors des élections fédérales de 2015.

Le député albertain demande de quelle manière la Russie est intervenue.

Dans une réponse du secrétaire parlementaire de M. Trudeau, le gouvernement n'a pas voulu donner de détails, citant l'article 15 de la Loi sur l'accès à l'information sur des motifs liés aux « affaires internationales ».

Cet article exempte le gouvernement de la divulgation d'informations susceptibles de nuire à la conduite d'affaires internationales, à la défense du Canada ou de ses alliés, ou à la détection, la prévention ou la répression d'activités hostiles et subversives.

En mars dernier, le Canada avait expulsé quatre diplomates russes relativement à l'empoisonnement d'un ancien espion en Grande-Bretagne. La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, avait alors indiqué dans une déclaration : « Ces quatre personnes ont été identifiées comme étant des agents du renseignement ou des individus qui ont usé de leur statut diplomatique pour saper la sécurité du Canada ou s'immiscer dans notre démocratie. » Elle avait refusé de préciser ses propos.

Encore cette semaine, le ministre de la Défense nationale, Harjit Sajjan, a averti que les électeurs canadiens seraient visés par des cyberattaques et de fausses informations lors des élections fédérales de l'automne prochain, alors que la Russie intensifie ses efforts pour saper les démocraties occidentales.

« Nous avons pris cela très au sérieux dans notre politique de défense, a affirmé Harjit Sajjan dans une entrevue à La Presse canadienne. Nous devons sensibiliser davantage nos citoyens à l'impact des fausses nouvelles. Personne ne veut être dupé par personne. »

Compte tenu de tout cela, Blaine Calkins a dit qu'il trouvait « assez déroutant » que le gouvernement refuse de divulguer tout détail sur ce que la Russie avait déjà fait.

« Les Canadiens ont le droit de savoir s'il y a une ingérence de la Russie dans notre processus démocratique », a-t-il lancé jeudi, ajoutant qu'il était difficile pour les électeurs de savoir quoi surveiller dans le futur s'ils ne savent pas ce qui s'est passé auparavant.

« Il est très regrettable que cette information soit cachée au public canadien. »

Le député Calkins a souligné que les États-Unis avaient été beaucoup plus ouverts sur l'ingérence de la Russie lors de l'élection présidentielle de 2016.

Les services de renseignement américains ont publié des rapports détaillés sur les efforts déployés par les agents russes pour nuire à la campagne d'Hillary Clinton et renforcer les chances de Donald Trump. Les Russes auraient notamment piraté les courriels de campagne du Parti démocrate et créé des centaines de faux comptes de médias sociaux pour diffuser de fausses informations et miner la confiance du public dans le processus électoral.