Le Bloc québécois entame une refonte complète de son programme, de ses statuts et règlements, refonte qui pourrait aller jusqu'à un changement de nom, mais l'option indépendantiste, elle, ne changera pas.

«L'ADN du Bloc, c'est la défense des intérêts du Québec comme une nation et naturellement la promotion de l'indépendance sur toutes les tribunes», a tranché le chef intérimaire de la formation, Mario Beaulieu, lundi, en présentant le grand «chantier de refondation» du parti.

«Notre raison d'être, c'est l'indépendance du Québec», a-t-il ajouté, faisant de cette question le seul élément qui ne pourra être renégocié en marge de cette grande remise en question qui fait suite à la crise qui a profondément ébranlé le parti durant le bref passage de Martine Ouellet à sa tête.

Ce sont les jeunes militants qui avaient suggéré ce projet de refondation il y a quelques mois comme sortie de crise, alors que le parti était toujours divisé entre deux factions, celle qui soutenait l'ex-chef Martine Ouellet et celle rangée du côté des sept députés qui avaient claqué la porte en février.

«On a fait le choix de briser la méfiance du passé pour construire sur la confiance en l'avenir», a fait valoir la présidente du Forum jeunesse du Bloc, Camille Goyette-Gingras.

Rallier les indépendantistes et les jeunes?

À nouveau uni depuis la reprise des travaux parlementaires en septembre, le Bloc québécois espère maintenant rassembler tous les indépendantistes, qu'ils militent pour Québec solidaire ou le Parti québécois au provincial, malgré leurs divergences.

«Il y a quand même 33% de la population qui a voté pour des partis ouvertement indépendantistes et je suis convaincu qu'il y a beaucoup d'indépendantistes qui ont voté pour la CAQ parce qu'ils voulaient vraiment se débarrasser des libéraux et aussi pour les enjeux et les revendications nationalistes», a soutenu M. Beaulieu, qui semble convaincu que le vote pour Québec solidaire se traduirait en votes pour l'indépendance advenant un nouveau référendum.

«Le projet indépendantiste, c'est intemporel. La question de la liberté des peuples, c'est comme la question de l'égalité hommes-femmes, la question de protéger l'environnement. Ça va toujours être là, ça va toujours être important», a-t-il martelé.

Pourtant, les sondages démontrent que l'appui à la souveraineté est en baisse constante depuis plusieurs années, particulièrement chez les jeunes.

Mme Goyette-Gingras refuse cependant d'y voir un obstacle insurmontable, estimant que les jeunes doivent être sensibilisés aux avantages de la souveraineté dans un contexte de mondialisation.

«La question de la mondialisation, de la globalisation, ça préoccupe beaucoup les jeunes et c'est d'autant plus pertinent dans ce cas-là d'être indépendantistes parce que c'est la prise de possession de ses leviers en termes de relations internationales et de signature de traités internationaux. Il faut simplement faire le lien entre ces deux enjeux-là, ce qui n'a pas été fait depuis les 25 dernières années», a-t-elle fait valoir.

«C'est essentiel surtout d'écouter les Québécois»

Le Bloc québécois invite non seulement ses 15 000 militants à y réfléchir au cours des prochains mois, mais bien l'ensemble de la population; toute personne intéressée à mettre son grain de sel dans la nouvelle recette bloquiste pourra le faire en s'inscrivant au chantier de refondation - au coût de 5 $ - ce qui lui donnera aussi voix au chapitre lorsque viendra le temps de se prononcer sur les nouvelles moutures du programme, des statuts et règlements et, qui sait, d'un nouveau nom.

«C'est essentiel de parler avec les Québécois. C'est essentiel surtout de les écouter», a laissé tomber le président du parti, Yves Perron, reconnaissant implicitement que les militants et leaders politiques ont davantage tendance à parler pour convaincre qu'à écouter.

Cette refondation du parti ne pourra s'éterniser, toutefois: on doit élaborer le nouveau programme électoral bloquiste pour qu'il soit prêt à temps pour l'élection fédérale d'octobre 2019.

Le processus culminera avec un congrès qui pourrait avoir lieu en février 2019 et chevauchera la course à la direction dont le lancement est prévu en janvier. Il sera précédé de colloques régionaux et d'assemblées publiques.