Les troupes libérales de Justin Trudeau ne tiennent « absolument rien pour acquis » à un peu moins d'un an des prochaines élections fédérales, alors que leur avance par rapport aux conservateurs s'élève tout juste à quatre points, selon les plus récents sondages.

C'est ce qu'a indiqué le ministre des Transports Marc Garneau, l'un des principaux ténors québécois du Parti libéral du Canada (PLC), en entrevue à La Presse la semaine dernière.

« On ne tient absolument rien pour acquis, a-t-il admis. Nous allons, dans l'année qui s'en vient, présenter aux Canadiens ce que nous aimerions faire dans un deuxième mandat. On va s'occuper des choses qui, selon nous, sont importantes pour les Canadiens, et bien sûr, c'est eux qui vont décider. »

Selon une agrégation des plus récents sondages effectuée par la CBC, le PLC obtient ces jours-ci 37,2 % des intentions de vote à l'échelle canadienne, suivi par le Parti conservateur (33,1 %), le Nouveau Parti démocratique (17,1 %), le Parti vert (5,9 %) et le Bloc québécois (3,9 %). Les libéraux restent aussi en avance au Québec.

Sans dévoiler de secrets sur la plateforme électorale du PLC, qui est encore sur la table à dessin, Marc Garneau précise que l'accent mis sur la classe moyenne continuera d'être très présent. 

Les libéraux avaient misé sur ce fil conducteur pendant leur campagne de 2015, une thématique que les ministres du gouvernement Trudeau ont continué de marteler sans arrêt depuis leur entrée au pouvoir.

« PRUDEMMENT OPTIMISTE »

Le PLC a connu de nombreux revers pendant la dernière année, incluant le voyage désastreux du premier ministre en Inde et la controverse entourant l'achat de l'oléoduc TransMountain. Signe de ces difficultés, le Parti conservateur dirigé par Andrew Scheer est passé devant le PLC dans les sondages le printemps dernier, acquérant momentanément une avance de cinq points.

La tempête semble - pour le moment - s'être calmée dans le camp libéral. Une source de haut niveau, bien au fait de l'élaboration de la campagne de 2019, indique que l'état d'esprit des troupes de Justin Trudeau est aujourd'hui bien meilleur qu'il ne l'était à la fin de la dernière session parlementaire. Les députés libéraux ont multiplié les rencontres avec des citoyens tout au long de l'été dans leurs circonscriptions respectives, et ils sont pour la plupart revenus « galvanisés » à Ottawa le mois dernier, fait valoir cette source gouvernementale. Le PLC se montre « prudemment optimiste » de décrocher un deuxième mandat au terme du scrutin prévu le 21 octobre 2019, indique-t-on.

SCHEER PEU CONNU

L'équipe conservatrice multiplie quant à elle les démarches depuis quelques mois pour faire connaître son chef Andrew Scheer. Il a accepté de participer à l'émission Tout le monde en parle en mai dernier, ce à quoi s'était toujours refusé son prédécesseur Stephen Harper.

Le Parti conservateur a aussi allongé près de 2 millions de dollars depuis le début d'octobre pour diffuser une campagne publicitaire de quatre semaines, rapportait récemment la CBC. Les messages qui mettent en vedette M. Scheer ont été ou seront diffusés pendant d'importants évènements sportifs, comme le match de hockey entre le Canadien de Montréal et les Maple Leafs de Toronto.

Le chef conservateur prendra aussi part à un rassemblement partisan en Beauce le week-end prochain, selon nos informations, dans la circonscription détenue par Maxime Bernier.

Si l'assez faible notoriété actuelle d'Andrew Scheer avantage pour le moment le PLC, elle pourrait aussi constituer une certaine menace pour les libéraux, reconnaît notre source. Il reste près d'un an aux conservateurs pour bâtir une image publique plus forte à leur chef et séduire un nouveau bassin d'électeurs, notamment au Québec, souligne-t-on.

BLOC ET NPD

Le PLC estime en parallèle pouvoir profiter des déboires du Nouveau Parti démocratique (NPD), dont une bonne partie des élus ont confirmé ne pas vouloir se représenter ou songer à leur avenir politique. Les libéraux voient également toutes les circonscriptions détenues par le Bloc québécois comme des prises potentielles, fait-on valoir, une convoitise que partagent aussi les troupes conservatrices.

Le ministre Marc Garneau croit par ailleurs que la ratification récente de l'Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC), après 14 mois de négociations houleuses, est de plus en plus perçue comme une bonne nouvelle par les Canadiens. Et cela, même si les producteurs laitiers souffriront d'une concurrence accrue des Américains, et que les tarifs punitifs sur les exportations de métaux canadiens restent en place.

« Je pense que les gens commencent à réaliser que ce qui est devant nous maintenant, c'est une période économique qui nous donne la stabilité et un accès à long terme au plus grand marché commercial du monde, comme c'était le cas avant avec l'ALENA », a fait valoir M. Garneau, qui préside le comité du cabinet chargé des questions concernant les relations canado-américaines, la diversification du commerce et le commerce interne.

L'AEUMC devra être ratifié par les trois pays avant d'entrer en vigueur.

Photo fournie par Radio-Canada

Andrew Scheer a accepté de participer à l'émission Tout le monde en parle en mai dernier, ce à quoi s'était toujours refusé son prédécesseur Stephen Harper.