Des députées libérales ont offert mercredi un appui senti au projet de loi décriminalisant la rémunération des mères porteuses et des dons de sperme et d'ovules déposé la veille par leur collègue Anthony Housefather.

«Ça se fait déjà de toute façon. C'est comme le cannabis; ce n'est pas parce qu'on garde les choses dans le marché noir qu'elles ne se font pas», a fait valoir l'élue québécoise Alexandra Mendès en sortant de la réunion hebdomadaire du caucus libéral.

Elle voit aussi un avantage pour les «femmes qui ont recours à cela comme une façon de peut-être faire un peu d'argent - parce que fondamentalement, c'est ce qui se passe». Selon Mme Mendès, «il y a plusieurs femmes qui le font strictement pour faire de l'argent».

Sa collègue manitobaine MaryAnn Mihychuk a aussi signalé qu'elle accueillait favorablement la mesure législative d'initiative parlementaire C-404. «Absolument. Je pense que c'est le moment opportun», a-t-elle tranché à son arrivée au parlement, mercredi matin.

La mesure législative mise de l'avant par Anthony Housefather modifierait la Loi sur la procréation assistée de 2004 afin de décriminaliser la rétribution des donneurs de gamètes et des mères porteuses.

Beaucoup d'élus à Ottawa, surtout libéraux et néo-démocrates, citent les nouvelles réalités familiales du XXIe siècle - les couples infertiles, les couples d'hommes gais - comme motifs pour aller de l'avant avec la décriminalisation.

C'est notamment ce qu'a fait le chef néo-démocrate Jagmeet Singh.

«C'est clair que c'est une situation très complexe, et il faut comprendre la complexité et la réalité des familles qui ont des obstacles. Créer un climat où on ne criminalise pas les gens sans raison, c'est quelque chose auquel il faut réfléchir», a-t-il offert en point de presse.

Le leader a cependant noté que cela soulevait également «de grandes questions sur les droits des femmes».

Des groupes féministes craignent effectivement que la décriminalisation du fait de payer une femme pour porter un enfant mène à une marchandisation du corps des femmes - le Conseil du statut de la femme (CSF) l'a fait dans un avis produit en 2016.

Sur cette question, les ministres féminines du cabinet libéral croisées dans les couloirs du parlement ont préféré réserver leur jugement, mercredi.

La ministre de la Santé, Ginette Petitpas Taylor, est du nombre. «Il faut bien que je réfléchisse à ce sujet, et moi, je n'ai pris aucune décision personnellement, et comme gouvernement, nous n'avons pris aucune décision», a-t-elle indiqué.

Avant le dépôt de son projet de loi, Anthony Housefather avait mentionné, la semaine dernière, que son idée générait des réactions fort différentes au Canada anglais, où l'accueil était à «90% positif», et au Québec, où «les courriels étaient 50-50».

«Il y a une tendance, au Québec, de ne pas soutenir toute l'idée des mères porteuses», notait-il.