Le chef du Nouveau parti démocratique (NPD) a annoncé jeudi l'expulsion du député Erin Weir, qui avait fait l'objet d'allégations de comportements déplacés « répétés et systématiques » en février dernier.

« L'enquêteuse indépendante a déterminé qu'une allégation de harcèlement et trois allégations de harcèlement sexuel étaient soutenues par des preuves », a indiqué le chef néo-démocrate Jagmeet Singh dans un communiqué publié jeudi matin.

Au sujet des gestes de nature sexuelle, l'enquête indépendante a démontré qu'Erin Weir avait failli à « lire les signaux non verbaux dans des situations sociales », ce qui a causé un préjudice aux plaignantes.

Le député de Regina, dans la mi-trentaine, aurait notamment eu des comportements déplacés envers Camille Goyette, qui était attachée de presse du Bloc québécois en 2016 et 2017.

« C'était des comportements répétés et systématiques envers des jeunes exclusivement, avait-elle affirmé à La Presse en février dernier. À chaque fois qu'il nous voyait, il fallait que ça se fasse. C'était malaisant à tel point qu'il a fallu que je demande souvent de l'aide à des collègues masculins pour me sortir de ces situations. »

Jagmeet Singh dit avoir envisagé plusieurs solutions, incluant la conciliation, pour régler le dossier d'Erin Weir. Celui-ci aurait toutefois refusé de prendre la « pleine responsabilité » de ses agissements, a-t-il indiqué.

Le chef du NPD a informé Erin Weir de son expulsion du caucus néo-démocrate mercredi soir.

Le parti dit avoir entamé une révision complète et en profondeur de ses politiques en matière de harcèlement.

Weir se défend

M. Weir avait causé la surprise mardi soir en affirmant que la plainte pour harcèlement formulée à son endroit constituait une manoeuvre politique pour le museler, lui qui avait émis une voix discordante au sujet de la taxe sur le carbone. Il se défendait aussi de tout agissement incorrect envers des femmes.

Peu après la sortie de Jagmeet Singh, jeudi, Erin Weir a qualifié l'enquête menée à son endroit de « défaillante », ajoutant que ses conclusions étaient « exagérées ».

Il déplore que le NPD soit parti à la chasse aux témoignages, en écrivant à 250 employés du parti, le 6 février dernier, pour les inviter à entrer en contact avec l'enquêteuse.

Il estime que cet appel à des témoignages, combiné aux sorties médiatiques du chef, a pu amener des gens à « réinterpréter rétroactivement » des interactions passées avec lui, sous un spectre négatif.

« Malgré cette sollicitation (à obtenir des témoignages), il n'y a eu aucune plainte de gens envers qui Weir avait de l'autorité », avance un communiqué diffusé par son bureau. 

Erin Weir admet néanmoins qu'à la lecture du rapport d'enquête, il réalise avoir été parfois « lent » à comprendre certains signaux non verbaux. Il cite des exemples où il se serait assis trop près de certaines personnes, ou leur aurait parlé plus longtemps que ce qu'elles auraient désiré.

Le député estime que la seule conclusion « juste » à toute cette affaire serait son maintien au sein du caucus néo-démocrate.