Lors de la consultation de tous les membres du Bloc québécois, les 1er et 2 juin, ceux-ci auront devant eux une question claire sur la confiance qu'ils ont en Martine Ouellet, mais la question sur la mission du Bloc fait plus de quatre lignes.

Ce référendum est censé permettre d'apaiser la crise interne qui secoue le parti indépendantiste sur la scène fédérale, depuis que sept députés ont quitté le caucus du Bloc québécois, en contestant le leadership de Mme Ouellet.

Ce sont donc tous les membres du parti qui étaient déjà membres le 24 mars qui auront droit de vote lors de cette consultation des 1er et 2 juin.

Au cours d'une conférence de presse, lundi à Montréal, la direction du parti a dit avoir voulu éviter «une instrumentalisation» en arrêtant la date du 24 mars. C'est la date à laquelle le Bureau de direction s'est réuni pour arrêter les modalités de la consultation.

Pourquoi ne pas avoir permis à d'autres membres d'adhérer au parti d'ici la consultation et favoriser ainsi la participation citoyenne? a-t-on demandé à Mme Ouellet. «Ce n'est pas une campagne d'adhésion», a-t-elle justifié.

Les deux questions

«Acceptez-vous de renouveler votre confiance envers Martine Ouellet, chef du Bloc québécois», est la première question à laquelle les membres devront répondre.

Mme Ouellet a réitéré qu'elle serait «tout à fait à l'aise» avec un appui de 50 pour cent plus une voix, puisque c'est le seuil requis lors d'un référendum.

La question quant à la mission du Bloc québécois est beaucoup plus longue et complexe: «Le Bloc québécois doit-il être, dans ses actions quotidiennes, et non pas seulement en théorie, le promoteur de l'option indépendantiste en utilisant chaque tribune et chaque occasion pour démontrer la nécessité de l'indépendance du Québec tant avec les militants, les citoyens qu'avec les médias et au Parlement d'Ottawa d'ici l'indépendance, tel qu'indiqué à l'article 1 du programme du Bloc québécois?»

Mme Ouellet a justifié une si longue question par le fait que «c'est ce qui a été remis en question par les démissionnaires», qui voulaient défendre les intérêts du Québec sur la scène fédérale et non pas toujours parler de l'indépendance.

Elle a soutenu que la mission du Bloc était de parler de l'indépendance «à chaque tribune», de le faire «à chaque occasion», et que ce sont les membres du parti qui en avaient décidé ainsi.

La consultation permettra donc de reposer la question aux membres pour clarifier le tout, puisque, selon elle, les démissionnaires ont remis en cause cette mission de faire la promotion de l'indépendance «à chaque tribune» et de le faire «à chaque occasion».

«L'article 1 a été remis en question par les démissionnaires par leur geste d'éclat», a-t-elle justifié.

Ces modalités devront être entérinées par les délégués du conseil général du Bloc, le 29 avril. Les quelque 20 000 membres du parti auront droit de vote, par téléphone ou par internet. Le résultat sera dévoilé le 3 juin.

Démissionnaire

À Ottawa, l'un des démissionnaires, Rhéal Fortin, a exprimé une lassitude certaine. «Je n'ai pas envie de commenter les états d'âme de Mme Ouellet. On est sortis de ce caucus, le 28 février, parce qu'on en avait assez des disputes et du tiraillage. Non, on ne participera pas à ce débat-là parce qu'on est sortis du caucus. La page est tournée; le dossier est clos. On ne pouvait pas travailler avec le type de leadership exercé par Mme Ouellet», a-t-il répliqué.

Il n'a donc pas l'intention de faire campagne non plus pour le camp du Non. «On n'a pas l'intention de jouer dans ce scénario-là.»

Quant au président du parti et député, Mario Beaulieu, il a continué de se faire discret. «Je ne commenterai pas la situation», a-t-il dit, ajoutant que ce sont les délégués du conseil général qui décideront de la suite des choses, le 29 avril.

Quand on lui a demandé pourquoi il n'avait pas participé à la conférence de presse aux côtés de Mme Ouellet, il a répondu simplement: «je ne désirais pas être là».

Le chef parlementaire du Bloc, Xavier Barsalou-Duval, de son côté, a jugé que «la moindre des choses» c'est que ceux qui ont contesté le leadership de Mme Ouellet «participent au processus». Sinon, il l'interprète comme «un boycott».