Le ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, a présenté mardi un budget assorti d'un déficit de 18,1 milliards faisant la part belle aux femmes et à la recherche, mais pauvre en mesures pour les contribuables. Le budget est aussi silencieux sur les importants enjeux de la renégociation de l'ALENA et de la position concurrentielle de l'impôt des entreprises canadiennes.

Si tout se déroule comme prévu, le déficit de 18,1 milliards de dollars anticipé par M. Morneau représenterait une amélioration de 1,3 milliard par rapport à l'année qui s'achève. Le poids de la dette fédérale par rapport au produit intérieur brut passerait quant à lui de 30,4% à 30,1%.

Les mesures favorisant l'égalité des sexes sont les plus saillantes du document préparé par M. Morneau et ses acolytes. L'économie canadienne a beau très bien se porter, elle aura besoin des femmes pour continuer de croître dans un contexte où les défis démographiques sont «très importants», a expliqué le ministre lors d'une conférence de presse.

«Au cours des 40 dernières années, un tiers de notre croissance économique est attribuable à l'entrée des femmes sur le marché du travail», a-t-il indiqué.

Dans son discours aux Communes, il a relevé que «pour la première fois de notre histoire, on compte maintenant un plus grand nombre de Canadiens âgés de 65 ans ou plus que de jeunes de moins de 15 ans».

Au total, le budget compte donc plus d'une vingtaine de mesures ciblant les femmes. Cela inclut des programmes sans implication budgétaire directe comme la mise en place d'un régime d'équité salariale pour les entreprises de juridiction fédérale ou la création d'un ministère dédié.

D'autres sont assorties de chèques, comme de l'aide financière aux entreprises détenues par des femmes, des budgets d'aide internationales consacrés à la promotion de l'égalité hommes-femmes ou la bonification des prestations parentales d'assurance-emploi.

Comme l'an dernier, alors qu'on avait notamment instauré le projet de «supergrappes», le budget fédéral dédie aussi des ressources importantes à la recherche scientifique, s'attardant cette fois surtout à la recherche fondamentale.

«Le budget de 2018 représente le plus grand investissement de l'histoire du Canada dans la recherche fondamentale», a affirmé le ministre. «On le fait d'une façon qui va attirer de jeunes chercheurs et favoriser la rechercher interdisciplinaire», a-t-il aussi indiqué.

Peu pour les contribuables

Les contribuables, eux, trouveront bien peu à se mettre sous la dent dans ce budget. C'est particulièrement vrai pour les Québécois. La nouvelle Allocation canadienne pour le travail, qui remplace la Prestation fiscale pour le revenu de travail, n'est pas versée directement aux Québécois, qui reçoivent plutôt la prime au travail de Québec. Cette dernière devrait toutefois s'en retrouver bonifiée.

Quant à l'indexation de l'Allocation canadienne pour enfants, elle avait déjà été annoncée lors de la mise à jour économique de l'automne dernier.

Pas de réplique à Trump

Quant à la renégociation de l'ALENA ou à la toute nouvelle réforme fiscale américaine, qui menacent la compétitivité des entreprises canadiennes, le budget fédéral se fait muet.

«On doit faire nos devoirs», a cependant annoncé M. Morneau, laissant entendre qu'il ne disposait pas encore de toutes les informations nécessaires pour agir.

La réforme fiscale américaine a ramené de 35% à 21% le taux d'imposition fédéral des entreprises américaines. En ajoutant l'impôt des États, M. Morneau estime le taux américain à environ 26%, contre 27% au Canada.

«C'est similaire, mais les détails sont très importants et les Américains n'ont pas encore fini d'écrire leur réglementation.»