Le premier ministre Justin Trudeau a fait face à un long barrage de questions aux Communes, ce mercredi, au sujet d'investissements de plus d'un quart de milliard de dollars provenant d'un fonds d'investissement des îles Caïmans dans l'industrie canadienne du cannabis.

«Le premier ministre peut-il nous assurer que ces investissements ne proviennent pas d'entreprises  mises en place par le crime organisé?», a demandé en Chambre Lisa Raitt, la cheffe adjointe de l'opposition officielle, démarrant une séquence de 10 questions sur ce sujet posées au premier ministre par des députés conservateurs et néodémocrates. 

La Presse révélait mercredi que le fonds d'investissement canadien MMCap international inc., basé dans le paradis fiscal des îles Caïmans, a investi au total plus de 277 millions depuis novembre dans une poignée d'entreprises de cannabis détenant des licences de Santé Canada.  

L'entreprise Wheaton Income, propriété de l'ancien chef des Finances du Parti libéral Chuck Rifici, a à elle seule reçu 68 millions du fonds offshore. La société québécoise Hydropothecary, qui vient de conclure une entente pour fournir 20 000 kg de cannabis annuellement à la SAQ et sa future Société québécoise du cannabis, a quant à elle reçu 15 millions du fonds d'investissement extraterritorial. Un de ses fondateurs, Adam Miron, est un ancien directeur national du Parti libéral.  

«Paradis fiscal égale Parti libéral», a lancé le député conservateur de Richmond-Arthabaska, Alain Rayes, à l'intention du premier ministre, avant de souligner que de nombreux anciens libéraux, notamment l'ex-ministre de la Justice Martin Cauchon et l'ancien ministre des Affaires étrangères Pierre Pettigrew, sont aujourd'hui administrateurs de compagnies de marijuana. «Tous ces gens ont en commun d'être des libéraux influents, des gens que le premier ministre connaît personnellement, et qui s'enrichissent avec la légalisation de la marijuana. Est-ce qu'on est rendus au scandale des commandites?», a-t-il demandé.   

Rejetant la question, Justin Trudeau a accusé les conservateurs de vouloir faire distraction «de leur propre faillite dans ce dossier». «Le gouvernement consvervateur a perpétué un système où les jeunes au Canada avaient plus facilement accès que dans 29 différents pays. Nous voulons mieux protéger nos jeunes et éliminer les profits du crime organisé», a répété le premier ministre.    

Le député néodémocrate de Sherbrooke Pierre-Luc Dussault a pour sa part reproché au gouvernement d'avoir «tout simplement omis de mettre des règles claires entourant l'industrie». «Le cadre réglementaire est un écran de fumée. Quels sont les réelles intentions du premier ministre dans la légalisation du cannabis? Est-ce que c'est encore faire profiter les amis libéraux?»  

Selon le premier ministre, le Canda bénéficie d'un «vaste réseau de conventions internationales» qui lui permettent de faire des «vérifications significatives» des antécédents des personnes qui dirigent ces entreprises. «Le régime de contrôle que nous mettrons en place va faire des fouilles approfondies auprès de tous ceux qui y travaillent, y compris les investisseurs de ces entreprises», a insisté M. Trudeau.