Justin Trudeau a eu un aperçu des critiques que ses députés d'arrière-ban ont essuyées dernièrement concernant le projet de réforme fiscale de son gouvernement, qui abolira certains privilèges jugés inéquitables accordés aux riches propriétaires de petites entreprises.

Lors d'une assemblée publique, mercredi soir, en Colombie-Britannique, le premier ministre a été semoncé par deux médecins, qui ont présenté les impacts négatifs qu'elles croient que les propositions auront sur les travailleurs de la classe moyenne au pays.

Monica Penner a ainsi demandé à M. Trudeau comment elle devra expliquer aux étudiants pourquoi ils devraient s'endetter pour faire de longues études s'il propose une réforme fiscale qui «s'assurera que tout le monde est pareil au final».

M. Trudeau lui a répondu que son projet visait à éliminer des mesures fiscales qui avantagent «de manière disproportionnée les Canadiens les plus riches». Il a donné comme exemple une personne qui gagne 50 000 $ par année et qui paie davantage d'impôt qu'une autre qui gagne 300 000 $, mais qui bénéficie de mécanismes corporatifs et de bons comptables.

Les arguments de Justin Trudeau n'ont toutefois pas réussi à calmer les critiques.

Anita Sanan, qui dit avoir fait 14 années d'études supérieures et avoir cumulé une dette dans les six chiffres pour devenir médecin, a accusé le gouvernement de créer «deux classes de Canadiens», en opposant les employés aux propriétaires de petites entreprises.

Elle a expliqué que les avantages fiscaux permettaient aux professionnels et aux propriétaires de petites entreprises de compenser pour le fait qu'ils n'ont pas accès à un régime de retraite, à une paie de vacances, à l'assurance-emploi, aux congés de maladie, au congé de maternité et à d'autres avantages sociaux.

Le premier ministre estime toutefois que le système actuel a déjà créé deux classes de Canadiens, où ceux qui peuvent se permettre de «créer des corporations privées pour aider leur planification fiscale ont déjà accès à des choses que les employés et d'autres n'ont pas».

Le projet de réforme fiscale mis de l'avant par le ministre des Finances Bill Morneau se décline en trois volets. Le premier vise à restreindre la possibilité pour les propriétaires de petites entreprises de fractionner leurs revenus avec des membres de leur famille. Le deuxième vise à limiter l'utilisation de sociétés privées pour faire des investissements passifs dans les actions ou l'immobilier. Le troisième vise à limiter la capacité de faire passer les revenus réguliers d'une entreprise en gains en capital, qui sont imposés à un taux plus faible.