Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a soutenu mercredi que si l'on voulait éviter les inondations comme celles qui touchent le Québec ce printemps, il faudrait éviter de répéter les erreurs à l'origine de ces catastrophes.

Lors d'une prochaine rencontre avec ses homologues des provinces et territoires, le ministre souhaite mettre de l'avant la doctrine du «reconstruire en mieux», afin de s'assurer que les municipalités se prémunissent contre les catastrophes naturelles qui risquent de s'aggraver, notamment à cause des changements climatiques. M. Goodale a cité les inondations au Québec, en Ontario, en Saskatchewan, au Manitoba et en Alberta depuis quatre ans, mais aussi les tempêtes de verglas au Nouveau-Brunswick et le gigantesque incendie de forêt à Fort McMurray.

Une des clés de la lutte contre les catastrophes naturelles réside dans l'information, a ajouté le ministre. Ainsi, des responsables actualisent présentement les cartes représentant les zones inondables afin d'aider les municipalités quand vient le temps de construire de nouveaux quartiers. Le commissaire fédéral à l'environnement avait prévenu il y a près d'un an que ces cartes n'avaient pas été correctement mises à jour depuis 20 ans.

Ottawa a par ailleurs consenti des sommes pour l'évaluation des risques et la construction de nouvelles infrastructures, en espérant que les municipalités en profiteront pour prendre de meilleures décisions. Le plus récent budget fédéral a prévu 2 milliards sur onze ans pour des infrastructures qui sauraient protéger les communautés contre les catastrophes naturelles. Une autre enveloppe de 281 millions sur onze ans a été offerte pour aider les municipalités à lutter contre les changements climatiques.

Exposer les zones à risque

De son côté, le ministre fédéral de l'Infrastructure et des Collectivités croit que les municipalités devraient publier l'historique des inondations, afin de renseigner pleinement les résidants, les acheteurs de maisons et les autorités. Amarjeet Sohi a soutenu mercredi que les citoyens ont le droit de savoir si leur maison pourrait être inondée, afin de prendre les décisions les plus éclairées qui soient.

Le ministre reconnaît que cette transparence est risquée et controversée dans certaines municipalités. Mais c'est la seule façon, selon lui, de permettre aux propriétaires de protéger leur maison contre d'éventuelles crues des eaux.

Des rapports internes au gouvernement fédéral révèlent que certaines administrations municipales sont réticentes à cartographier les zones à risque - et surtout à publier ensuite ces données. Des maires ont même refusé de recevoir gratuitement des outils pour procéder à cette analyse. Selon ces rapports internes, obtenus par La Presse canadienne, certaines mairies craignent une hausse de la responsabilité civile des municipalités, une baisse de la valeur des propriétés et la grogne des électeurs propriétaires.

Un porte-parole du ministre Sohi a précisé plus tard mercredi que la décision de publier ces données n'appartient pas au gouvernement fédéral, mais à chacune des municipalités. Par ailleurs, Ottawa ne tiendra pas compte de cette décision lorsqu'il allouera les fonds dans le cadre des programmes d'infrastructure.

Le député conservateur Tony Clement croit que le gouvernement devrait élaborer une meilleure politique en matière de prévention des inondations, notamment en ciblant davantage les projets d'infrastructure.