Justin Trudeau et son discours d'inclusion pourraient jouer un rôle important pour combattre l'intolérance et la xénophobie à travers le monde, estime le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion.

En entrevue à La Presse dans la foulée du sommet des trois amigos, le ministre Dion a indiqué que « le Canada n'[était] pas immunisé contre ce genre de dérapage qui touche nos voisins les plus proches, et on a vu les débordements de xénophobie auxquels le Brexit a donné lieu ».

« Il faut vraiment combattre cela. Et M. Trudeau va être l'un des leaders du monde les plus importants pour combattre cela. »

À Ottawa la semaine dernière, les présidents des États-Unis et du Mexique ainsi que le premier ministre ont dénoncé le discours d'intolérance, de protectionnisme et de repli sur soi qui plane sur le monde. Le président mexicain, Enrique Peña Nieto, a même tracé un parallèle entre la rhétorique de Donald Trump et celle de Hitler et Mussolini.

M. Dion n'a pas voulu faire de commentaires sur M. Trump et a martelé le message de son gouvernement : il travaillera avec quiconque accédera à la Maison-Blanche. « Il est plus difficile de défaire une entente déjà conclue que de refuser de conclure une entente », a-t-il cependant noté au sujet de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), que le candidat républicain a promis de renégocier ou, sinon, d'en retirer les États-Unis.

« Ce n'est pas impossible à défaire, [mais] ce serait très compliqué, a indiqué le ministre des Affaires étrangères. Parce que chaque décision que vous prenez met en cause des investissements et des emplois. »

CONFIANCE PLUTÔT QUE MÉFIANCE

Quant à l'intolérance et à la xénophobie décriées par les trois amigos, « M. Trudeau incarne l'opposé, a affirmé le chef de la diplomatie canadienne. Il incarne la confiance plutôt que la méfiance. Et on est très conscients de cela ».

« Sa popularité à travers le monde ne tient pas seulement à son charisme - ou au charisme de son épouse ! a-t-il poursuivi. Ça tient à son message, à ce qu'il incarne. »

« Il incarne le sentiment de justice sociale, d'acceptation des différences comme une force, plutôt que comme une menace. Le souci pour les victimes de discrimination, de justice pour tous. Il incarne vraiment cela », dit Stéphane Dion.

« Quand nous disons, M. Trudeau ou moi, à travers le monde qu'on a été élus en répétant que le Canada était fort non pas malgré, mais grâce à sa diversité, on voit dans le regard des diplomates les plus blasés un moment d'émotion. On voit qu'ils rêveraient que ça puisse être aussi le cas chez eux, dans leur propre pays. Alors on est conscients de cela et on va trouver un rôle dans le monde pour promouvoir ces valeurs-là au moment où le monde en a bien besoin. »

Un article publié dans le quotidien britannique The Independent vendredi arrive à des conclusions semblables : « Alors que le monde est ébranlé par des attaques terroristes, la montée de Donald Trump, la discrimination anti-LGBT et la décision monumentale du Royaume-Uni de quitter l'Union européenne sans plan de sortie, on peut dire qu'il y a un pays développé de premier plan qui demeure un bastion d'objectivité et de rationalité. Bonne fête du Canada », a écrit la journaliste.

« La personne qui mène la charge est Justin Trudeau, un homme qui régulièrement "casse l'internet", un champion de l'égalité des sexes et de la diversité. »