Le premier ministre Justin Trudeau ouvre toute grande la porte à l'idée que le tout premier budget que son gouvernement présentera au début de 2016 comporte un déficit dépassant les 10 milliards de dollars.

En compagne électorale, les libéraux ont promis des investissements massifs dans les projets d'infrastructures, quitte à ce que le gouvernement fédéral enregistre des déficits « modestes » de 10 milliards de dollars durant les deux premières années d'un mandat. Les libéraux ont aussi promis le retour à l'équilibre budgétaire en 2019-2020.

Or, la cible de 10 milliards de dollars pourrait très bien ne pas être respectée en raison de l'état de santé de l'économie canadienne, a indiqué mercredi M. Trudeau en conférence de presse après que la Chambre des communes eut donné sa bénédiction à une baisse du fardeau fiscal des contribuables de la classe moyenne et imposé une hausse des impôts aux contribuables empochant des revenus de 200 000 $ et plus.

Les libéraux, qui avaient soutenu en campagne que cette refonte fiscale serait à coût nul, ont d'ailleurs sous-estimé le coût de cette baisse d'impôts d'environ 1,2 milliard de dollars par année, a-t-on appris cette semaine.

«Nous avons fait deux engagements clairs durant la campagne électorale. Le premier était de continuer à réduire le ratio de la dette par rapport au PIB à chaque année. L'autre était de rétablir l'équilibre budgétaire durant le premier mandat. Nous avons indiqué que 10 milliards de dollars de déficit était une cible modeste. Mais en même temps, nous nous sommes engagés à vous tenir informer si la situation devait se détériorer », a indiqué M. Trudeau.

« Mais une chose que nous avons promise aux Canadiens, c'est de renverser la période de faible croissance qu'on a connue au cours des 10 dernières années et cela va nécessiter des investissements pour mettre de l'argent dans la poche des contribuables de la classe moyenne. Tout notre plan budgétaire repose sur l'idée de créer de la croissance qui profite aux Canadiens, en faisant des investissements et en donnant un répit à la classe moyenne », a ajouté le premier ministre.

La chute du prix du pétrole de même que des prévisions de croissances économiques moins robustes pourraient compliquer lourdement la tâche du gouvernement Trudeau quant à la cible d'un déficit de 10 milliards de dollars.

La semaine dernière, le directeur parlementaire du budget a publié une étude démontrant que les déficits seront largement supérieurs à ceux prévus par les libéraux durant la campagne. Ces déficits pourraient aussi être difficiles à résorber, selon lui.

Aux Communes, mercredi, le ministre des Finances, Bill Morneau, a également affirmé que les conditions économiques sont telles qu'il pourrait être difficile de respecter cette cible.

« Nous nous retrouvons dans une situation plus difficile que nous l'avions prévu. On nous a laissé un déficit avec lequel nous devons maintenant composer. Notre plan d'investissement pour le Canada est maintenant plus important que jamais. (...) Nous allons faire cela d'une manière qui est responsable sur le plan fiscal et transparente », a-t-il dit.

La critique aux finances au Parti conservateur, Lisa Raitt, a rétorqué : « Le ministre des Finances sait pertinemment bien que les libéraux se sont engagés à un déficit ne dépassant pas les 10 milliards.  Maintenant nous savons que le déficit sera plus important. C'est une promesse brisée ».