Martin Lee a été invité à expliquer mardi les tenants et les aboutissants du mouvement pro-démocratie de Hong Kong aux députés siégeant au comité des Communes sur les Affaires étrangères.

L'ambassadeur chinois au Canada a envoyé une lettre au comité, l'invitant à ne pas se mêler des affaires internes de la Chine, lui envoyant du même coup une menace à peine voilée de ne pas compromettre les relations sino-canadiennes.

M. Lee, un activiste pro-démocratie de longue date, a été l'une des nombreuses personnes arrêtées en décembre après plus de deux mois de manifestations contre les restrictions imposées par Pékin aux premières élections de Hong Kong prévues pour 2017.

Les manifestants ont paralysé Hong Kong et ont donné naissance à un nouveau mouvement d'opposition qui est vu par le président chinois Xi Jinping comme une menace à la stabilité de son pays.

Le gouvernement chinois envoie régulièrement des messages aux propos musclés à des pays démocratiques qui reçoivent des personnages politiques qu'il n'approuve pas, comme le chef spirituel tibétain, le dalaï-lama.

Dans sa lettre au comité parlementaire, l'ambassadeur chinois a exprimé sa grande préoccupation et sa véhémente opposition à la visite de M. Lee.

Dans la missive, il a dit espérer que les Canadiens ne tiendraient pas pareille rencontre à ce sujet, n'interviendraient d'aucune façon dans les affaires internes de Hong Kong, le tout de façon à ne pas envoyer de mauvais messages au monde et à ne pas causer de problèmes dans les relations entre le Canada et la Chine.

Le porte-parole du Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière d'Affaires étrangères, Paul Dewar, a dit que de mémoire, il s'agit de la première fois qu'un gouvernement étranger tente de dicter qui peut témoigner devant un comité des Communes. M. Dewar est membre de ce comité des Affaires étrangères depuis 2007.

Il a précisé que Martin Lee avait contacté le comité et offert de témoigner: ses membres ont accepté de façon unanime de l'entendre.

Pour lui, la Chine ne devrait pas voir cette démarche comme une provocation. Il souligne que la relation du Canada avec Pékin est très importante.

Mais il juge qu'il est également important d'écouter ceux qui se préoccupent de ce qui se passe à Hong Kong.

Les relations entre la Chine et le Canada ont été houleuses depuis que le gouvernement Harper a pris le pouvoir en 2006.

Initialement, le premier ministre et ses ministres avaient ouvertement critiqué le bilan de la Chine en matière de violations des droits humains.

Mais depuis, le lobby d'affaires s'est indigné et a réussi à persuader le gouvernement canadien d'adopter une position plus nuancée.

M. Harper a éventuellement visité la Chine en 2009, et y est retourné deux fois depuis. Il a fait du commerce avec l'Asie une priorité économique, en partie en raison de son incapacité de convaincre l'administration Obama d'approuver le pipeline Keystone XL qui transportera les sables bitumineux de l'Alberta jusqu'aux raffineries du Golfe du Mexique.