Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a imploré le Canada d'augmenter son financement de l'aide internationale pour atteindre une ambitieuse cible mondiale, lors de son passage, vendredi, au sommet sur la santé maternelle, néonatale et infantile à Toronto.

M. Ban a ainsi demandé au Canada et aux autres pays du G7 de porter à 0,7% de leur PIB leurs dépenses en aide internationale, soit bien plus que la barre de 0,3% qu'atteint actuellement le Canada.

Les commentaires du secrétaire général ont injecté une dose de critique publique inattendue du plan de développement international parfois controversé du gouvernement Harper, qui comprend un gel de l'aide étrangère pour réduire le déficit.

M. Ban se trouvait à côté de M. Harper lorsqu'il a fait cette remarque. Celle-ci représentait un point légèrement discordant pour le premier ministre, qui a reçu les félicitations et les hommages de plusieurs personnalités internationales, particulièrement après l'engagement de jeudi en vertu duquel Ottawa consacrera 3,5 milliards $ supplémentaires pour la santé maternelle et infantile au cours des cinq prochaines années.

La santé maternelle et infantile tient personnellement à coeur à M. Ban, qui a livré un discours, vendredi, lors du sommet organisé par le premier ministre Stephen Harper à Toronto. Le secrétaire général de l'ONU y a raconté pour la première fois en public qu'il avait une soeur et un frère qui sont morts peu après leur naissance, avant que lui-même ne vienne au monde.

M. Ban a ajouté que la nourriture était rare dans son village de la Corée du Sud et que les femmes redoutaient de donner naissance.

C'est pour cette raison qu'il parcourt aujourd'hui le monde pour parler au nom des femmes et des enfants, a-t-il dit.

Blaguant sur la façon dont son nom est parfois mal prononcé, il a lancé en anglais «I'm going to Ban child mortality» («Je vais bannir la mortalité infantile»).

Le discours de M. Ban a été livré au dernier jour de ce sommet, lors duquel M. Harper a promis une somme additionnelle de 3,5 milliards $ sur cinq ans, qui s'ajoute aux 2,8 milliards $ que le premier ministre s'était engagé à verser en 2010.

M. Ban croit que cet engagement mettra à l'avant-plan l'initiative visant à sauver la vie des quelque 2,9 millions de bébés qui meurent chaque année dans le mois suivant leur naissance. Un million de ces nouveau-nés perdent la vie le jour même de leur naissance.

«Je demande aux autres leaders mondiaux et aux leaders du milieu des affaires de suivre l'exemple du Canada», a-t-il lancé.

De son côté, le premier ministre Harper a affirmé que le Canada réservait ses fonds d'aide internationale aux programmes qui produisent des résultats. «C'est la philosophie de notre gouvernement et, je crois, des Canadiens en général que nous ne mesurions pas les choses en fonction du montant dépensé, mais plutôt en termes de résultats obtenus.»

Le président tanzanien, Jakaya Kikwete, a lui aussi salué l'initiative de M. Harper alors que le sommet prenait fin. «Je rentre chez moi entièrement satisfait d'être allé à un sommet très réussi, un sommet très utile», a-t-il dit.

Du côté de l'opposition officielle, la porte-parole néo-démocrate en matière de développement international, Hélène Laverdière, a dit s'inquiéter des compressions de 370 millions $ dans le budget canadien d'aide internationale. Si des pays comme le Royaume-Uni atteignent l'objectif de 0,7% de leur PIB, la proportion du PIB que le Canada consacre à l'aide humanitaire atteint un plancher, a-t-elle souligné. «Nous voulons que le Canada s'engage à atteindre le 0,7%.»

Anthony Lake, du Fonds pour l'enfance des Nations unies (Unicef), estime que les questions de santé infantile devraient transcender la politique partisane. «Je ne connais pas les motivations de M. Harper. Je suis sûr que l'une d'entre elles est un intérêt véritable pour les enfants», a-t-il déclaré à La Presse Canadienne.

«Une partie est probablement politique. Et c'est une bonne chose. Nous devrions tous tenter d'intégrer ces dossiers au sein du paysage politique puisqu'il devrait y avoir une demande pour s'intéresser au bien-être des enfants partout dans le monde.»