Le congrès national du Bloc québécois s'est conclu dimanche après une fin de semaine de débats: celui des candidats à la chefferie, mais aussi ceux des militants, qui ont peaufiné les politiques du parti en vue des prochaines élections de 2015.

Quelque 500 militants se sont rassemblés à Rimouski pour discuter et voter sur près de 400 propositions. Aucun bouleversement majeur parmi celles-ci, mais des changements visant surtout à actualiser les statuts et les orientations du Bloc.

Beaucoup de propositions étaient d'ailleurs en réaction aux politiques du gouvernement Harper, notamment la réforme de l'assurance-emploi, le choix du juge Marc Nadon pour la Cour suprême contre la volonté de Québec, l'abolition de la livraison à domicile du courrier par Postes Canada et la suppression graduelle du financement public des partis politiques.

Le congrès n'a pas été l'occasion de donner un coup de barre au parti. Pour savoir ce que les bloquistes feront différemment pour gagner des sièges en 2015, il faudra attendre: pas question de dévoiler la stratégie tout de suite, a indiqué l'organisateur du congrès, le député bloquiste Jean-François Fortin.

Mais il juge que l'enthousiasme des militants était au rendez-vous et que la formation politique est plus que nécessaire. Deux armes pour augmenter le contingent bloquiste, croit-il.

«Beaucoup de Québécois nous ont dit qu'il n'est presque plus question du Québec à la Chambre des communes depuis 2011 et que cela doit changer», a souligné M. Fortin.

L'un des moments forts du congrès a été le débat des aspirants-chefs: Mario Beaulieu, qui était président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, et André Bellavance, le député bloquiste de Richmond-Arthabaska, ont croisé le fer samedi après-midi.

C'était une occasion pour les militants de mieux connaître les deux candidats. L'exercice était digne d'intérêt car cette fois-ci, les deux candidats présentaient une vision différente de ce qui doit être fait pour faire élire plus de députés à Ottawa.

Selon M. Beaulieu, il faut «remettre la souveraineté à l'avant-plan». Il soutient que ce faisant, plus de Québécois vont envoyer des bloquistes à la Chambre des communes.

«Ce que je propose, essentiellement, c'est qu'on mette fin à la stratégie étapiste et attentiste qui a été utilisée depuis 20 ans», a-t-il répété.

Il reviendra aux députés d'expliquer sans relâche aux gens pourquoi l'indépendance du Québec est une solution, a-t-il dit.

Pour M. Bellavance, il faut élargir la coalition des bloquistes, en incluant non pas uniquement les souverainistes, mais aussi tous ceux qui sont, selon ses mots, «dédiés à l'avancement du Québec».

«Ces gens-là, quand on va les convaincre de voter pour le Bloc québécois, à nous après de les convaincre de la nécessité du pays du Québec», a-t-il expliqué, samedi. Il faut aussi, selon lui, que les députés s'impliquent dans tous les débats qui touchent les Québécois, pas seulement ceux qui sont sous la juridiction du fédéral.

La militante Arianne Bouchard, de la circonscription d'Hochelaga, à Montréal, n'avait pas encore arrêté son choix dimanche matin, mais elle disait pencher plutôt vers André Bellavance.

«Il a beaucoup d'expérience, quand il parle, on voit qu'il connaît bien ses dossiers», a-t-elle confié.

D'autres militants ont vanté son aisance à parler en public et ses talents de communicateur.

Gilbert Lalonde, de la circonscription d'Alfred-Pellan, à Laval, se donne jusqu'à la mi-juin pour prendre sa décision finale. Mais il favorise pour l'instant le candidat Mario Beaulieu, car il juge qu'il peut faire grossir la famille bloquiste.

«Parce qu'il a une clientèle nouvelle, plus jeune, il peut aller chercher des nouveaux membres», a-t-il dit dimanche matin dans un couloir, en marge du congrès.

D'autres bloquistes ont souligné sa ferveur envers la cause souverainiste.

Le nom du nouveau chef du Bloc québécois sera dévoilé le 14 juin lors d'un événement du parti à Montréal.

Selon les partisans bloquistes, le congrès national était plus que nécessaire pour se retrouver, donner de la visibilité au Bloc québécois et commencer la préparation électorale en vue du scrutin de 2015.

Car cette visibilité n'est pas facile avec seulement quatre députés à la Chambre des communes, ont relevé plusieurs militants.

Dans le but de grossir les rangs des troupes à Ottawa, le Bloc s'est aussi doté d'une nouvelle stratégie de financement. Selon ce plan, les circonscriptions les plus riches donneront de l'argent à l'organisation nationale, qui le redistribuera à celles moins bien nanties, mais qui ont un potentiel de victoire en 2015.

La stratégie a été rendue nécessaire par l'abolition graduelle du financement public aux partis politiques, a expliqué le député Louis Plamondon, le doyen des députés à Ottawa.

Pour le député André Bellavance, le fait saillant du congrès a été «de voir qu'il y a encore plein de membres du Bloc québécois qui étaient présents».

«J'imagine qu'il y a des gens qui pensaient, à cause de la perception, qu'il y aurait un petit congrès de 200 personnes», a-t-il dit. «Mais la plénière était pleine! Les gens sont engagés et ils sont convaincus».