Le gouvernement Harper montre des signes de fin de régime en attaquant sans ménagement le directeur général d'Élections Canada, Marc Mayrand, parce qu'il s'oppose à la réforme électorale pilotée par le ministre responsable des Institutions démocratiques, Pierre Poilievre, estime le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair.

À terme, de telles attaques sans précédent risquent de miner la confiance des Canadiens envers leurs institutions, a affirmé hier M. Mulcair. Il a ajouté qu'aucune autre démocratie avancée dans le monde n'a été le théâtre d'une telle charge contre le responsable de l'organisation des élections.

Selon le chef du NPD, il est évident que la stratégie des conservateurs pour justifier l'adoption rapide de leur réforme électorale est d'attaquer l'intégrité de tous ceux qui s'y opposent, y compris des officiers du Parlement comme Marc Mayrand.

« Ce sont des attaques personnelles, sans aucune provocation et qui n'ont pas leur place. Je crois que ça sent la fin de régime. Ce à quoi nous assistons, c'est la méthode Harper. Cela fait neuf ans que cela dure, et c'est d'attaquer quiconque n'est pas d'accord avec eux », a affirmé hier M. Mulcair.

Le chef du NPD réagissait aux propos qu'a tenus hier le ministre Poilievre devant un comité parlementaire. Durant son témoignage, M. Poilievre a affirmé que M. Mayrand s'oppose à la réforme électorale parce qu'il tente d'avoir plus de pouvoirs, un budget plus important et de rendre moins de comptes au Parlement.

Le ministre a ajouté que les critiques de M. Mayrand sont non fondées et « ahurissantes », et il a souligné que le Directeur général des élections est au service du Parlement, et non le contraire.

« Envoyer Poilievre pour attaquer non seulement l'actuel directeur des élections, qui est là pour servir la démocratie, mais aussi mentir. Ils ont carrément menti. Il veut plus d'argent - c'est un mensonge. Il veut plus de pouvoir - c'est un mensonge. Il veut juste qu'il respecte sa capacité d'avoir les ressources nécessaires pour bien informer la population », a tonné hier M. Mulcair.

L'ancienne vérificatrice générale Sheila Fraser, qui a aussi critiqué la réforme électorale parce qu'elle constitue selon elle « une atteinte à la démocratie du pays », a déploré la sortie du ministre Poilievre contre un agent du Parlement.

« Cela ne rend service à personne. Cela sape la crédibilité des institutions. Et en bout de piste, si cela devait continuer, nous en paierions tous le prix parce que plus personne ne ferait confiance au gouvernement, au directeur général des élections ou au système démocratique », a-t-elle déclaré hier soir.

Plusieurs mesures de la réforme électorale ont été dénoncées par les partis de l'opposition et de nombreux experts. Ils dénoncent notamment le refus du gouvernement de donner le pouvoir au commissaire des élections de contraindre des personnes à témoigner dans le cadre d'une enquête sur une fraude électorale et l'interdiction aux électeurs d'utiliser la carte d'information de l'électeur comme preuve d'adresse.

Pour sa part, le chef du Parti libéral, Justin Trudeau, a promis hier d'abroger la réforme électorale du gouvernement Harper si elle est adoptée dans sa forme actuelle s'il remporte les élections fédérales prévues en octobre 2015.

Aux Communes, hier, M. Trudeau a aussi exhorté le premier ministre Stephen Harper à permettre la tenue d'un vote libre quand le projet de loi sur la réforme électorale sera mis aux voix aux Communes - une demande qui a été promptement écartée.

Le ministre Poilievre a réitéré hier la ferme intention du gouvernement d'adopter cette réforme. « Nous pensons qu'il est raisonnable de s'attendre à ce que les Canadiens apportent leur pièce d'identité quand ils votent. Maintenant, ce n'est pas nécessaire d'apporter une pièce d'identité ayant une photo. Il y a 39 options parmi lesquelles les Canadiens peuvent choisir. La Loi sur l'intégrité des élections va obliger Élections Canada à informer les Canadiens de ces options pour qu'ils puissent tous voter », a-t-il dit.