Bilan: «notre année la plus productive», Stephen Harper

Malgré le scandale sur le Sénat qui l'a mis sur la défensive, le gouvernement Harper affirme que 2013 a été son année «la plus productive».

«Trente-sept projets de loi ont reçu la sanction royale, et d'autres devraient la recevoir avant la fin de l'année», a déclaré l'attaché de presse du premier ministre, Carl Vallée, dans un courriel envoyé à La Presse hier.

Cette production est entièrement survenue avant la prorogation. Seulement trois projets de loi auront été adoptés depuis la reprise tardive des travaux parlementaires, en octobre. C'est le cas notamment du projet de loi qui change le nom du Musée canadien des civilisations pour Musée canadien de l'histoire et du projet de loi omnibus sur la mise en oeuvre du budget.

Parmi les 37 projets de loi adoptés de janvier à juin 2013 par les conservateurs (gouvernement, députés ou sénateurs):

>19 émanaient du gouvernement à la Chambre des communes; cela inclut le projet de loi omnibus de mise en oeuvre du budget (C-60) et un projet de loi sur la succession au trône britannique (C-53);

>9 émanaient du Sénat, dont 2 qui ont été présentés par des sénateurs conservateurs, comme le projet de loi visant à décriminaliser les combats extrêmes (S-209);

>9 ont été parrainés par des députés conservateurs; le plus connu est sans doute le projet de loi C-309, qui interdit aux gens qui participent à une émeute de dissimuler leur identité.

NPD : La crédibilité de Harper « entachée »

La crédibilité du premier ministre Stephen Harper a été « entachée » pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir, a conclu le Nouveau Parti démocratique (NPD), au terme d'une session parlementaire dominée par le scandale des dépenses au Sénat.

« [Harper] est empêtré dans un scandale où il y a plein de versions de la même histoire, a noté le député montréalais Alexandre Boulerice. Il n'est pas capable de dire la vérité aux gens. »

La joute parlementaire à la Chambre des communes a permis au chef néo-démocrate Thomas Mulcair de se démarquer, estime le député. Plusieurs observateurs ont en effet convenu que ses questions pointues et acerbes ont maintes fois semblé déstabiliser M. Harper.

Ce succès n'a toutefois pas permis au NPD d'améliorer sa position dans les sondages. Et malgré des campagnes énergiques aux élections partielles de novembre, les candidats néo-démocrates ont mordu la poussière dans les deux circonscriptions que le NPD croyait prenables, Toronto-Centre et Bourassa.

PLC : Les conservateurs rendent « cynique »

Les Canadiens ressentent un profond « cynisme » par rapport au Parlement fédéral, et Justin Trudeau juge que le gouvernement Harper en est le grand responsable.

Le chef du Parti libéral du Canada (PLC) a dressé un sombre bilan de la performance des conservateurs au cours de la session parlementaire qui s'est achevée mardi soir. Selon lui, leur attitude pendant le scandale des dépenses au Sénat n'a rien fait pour réconcilier les Canadiens avec leurs élus fédéraux.

« Que ce soit les scandales dans le bureau du premier ministre, que ce soit l'approche de ce gouvernement envers ce scandale, d'essayer d'obstruer, de se cacher, d'empêcher la vérité de se faire connaître, les Canadiens ont énormément de raisons d'être cyniques », a dénoncé M. Trudeau lors d'un point de presse, hier.

Le PLC, qui trône en tête des sondages au Québec et au Canada anglais, est en bonne position pour rallier les électeurs déçus, selon M. Trudeau. Il s'est dit encouragé par le résultat des élections partielles de novembre, alors que ses troupes sont passées près de ravir le château fort conservateur de Brandon-Souris, au Manitoba.

Bloc québécois : L'indifférence d'Ottawa tourne à l'hostilité

Le gouvernement Harper n'est plus seulement indifférent par rapport au Québec, il lui est carrément devenu hostile, soutient le chef du Bloc québécois, Daniel Paillé. Le leader souverainiste a souligné que le gouvernement Marois s'est farouchement opposé à la réforme fédérale de l'assurance-emploi, et que les conservateurs ont adopté un « comportement belliqueux » par rapport à la Charte des valeurs. Le gouvernement Harper a par ailleurs pris position en faveur de la controversée loi sur la clarté référendaire, et il n'a toujours pas fait connaître les compensations qui seront versées aux producteurs laitiers dans la foulée de l'accord de libre-échange avec l'Union européenne, indique le chef bloquiste. « Avant, on disait : "Bof, le Québec". Mais maintenant, c'est plus que de l'indifférence, on lui tire dessus. »

Parti vert : Les changements climatiques ignorés

Bien qu'elle ne s'étonne pas de l'ampleur du scandale au Sénat, la chef du Parti vert, Elizabeth May, estime que cette affaire a pris une place démesurée dans les échanges aux Communes, si bien que d'importants enjeux fédéraux sont passés inaperçus. « Pour moi, la question la plus importante à avoir été ignorée est celle des changements climatiques », a déploré Mme May, hier. La leader des Verts a été la seule députée de l'opposition à participer à la conférence de Varsovie, cet automne. Elle s'est jointe à la délégation de l'Afghanistan, le gouvernement Harper ayant refusé que des élus de l'opposition se joignent à la délégation canadienne.