Stephen Harper a de nouveau défendu son refus de participer à l'assemblée générale des Nations unies, mardi, tenant des propos qui ont contrasté avec ceux de son invité, le premier ministre japonais Shinzo Abe.

Le leader conservateur est critiqué depuis le début de la semaine pour son refus de participer à la réunion annuelle de l'ONU, comme le font les présidents américain Barack Obama et français François Hollande. M. Harper se rendra bien à New York en compagnie d'une brochette de ministres mercredi, mais il prendra part à un événement sur la santé maternelle au lieu d'assister à la réunion.

M. Harper a rencontré mardi son homologue japonais Shinzo Abe qui, lui, compte prononcer un discours à New York. Un journaliste a d'abord demandé à M. Abe pourquoi il compte prendre la parole à l'ONU avant de demander à M. Harper pourquoi il ne le ferait pas.

N'attendant pas que M. Abe prenne la parole, M. Harper a promptement affirmé que ce n'est pas la pratique habituelle des premiers ministres canadiens de prononcer un discours chaque année devant l'ONU.

«Je prononcerai un autre discours et le Canada reste un des plus grands supporters per capita des Nations unies dans le monde entier», a-t-il conclu.

Quelques secondes plus tard, M. Abe s'est montré enthousiaste face à la perspective de prononcer un discours devant l'ONU. Il a rappelé que son gouvernement a été élu en décembre dernier, et l'assemblée générale sera sa première occasion de présenter sa politique étrangère à la communauté internationale.

«J'aimerais présenter mon point de vue sur nos orientations pour contribuer à la communauté internationale, a déclaré M. Abe. C'est le message que nous aimerions transmettre. C'est la raison pour laquelle je prononcerai un discours à l'assemblée générale des Nations unies.»

«En participant aux réunions des Nations unies, a-t-il ajouté, nous aurons aussi l'occasion de rencontrer divers dirigeants des autres pays qui participent à ces réunions.»

Occasion ratée

Le gouvernement Harper ne s'est pas gêné pour dénoncer le fonctionnement de l'ONU dans le passé. L'an dernier, le ministre des Affaires étrangères, John Baird, a déclaré que l'organisme doit passer moins de temps à se regarder le nombril et plus de temps à s'attaquer à des problèmes concrets, par exemple le conflit sanglant en Syrie.

Ministre des Affaires étrangères sous le gouvernement libéral de Jean Chrétien, Lloyd Axworthy estime que les appels à la réforme de l'ONU lancés par le gouvernement Harper sont justifiés. Il croit toutefois que le premier ministre s'est privé d'une belle occasion de faire passer son message à la communauté internationale.

«Le Canada a exprimé à travers son ministre des Affaires étrangères des préoccupations quant au besoin de réformer l'ONU, a indiqué M. Axworthy. Cette prise de position prendrait une importance substantielle si le premier ministre la défendait de vive voix. Cela donnerait plus de poids à la position du pays.»

Jean Chrétien ne prononçait pas un discours devant l'ONU chaque année, relate M. Axworthy. En dix ans au pouvoir, il l'a fait à cinq reprises, dont seulement une fois lors de la session d'ouverture de l'Assemblée générale. Il s'y rendait lorsqu'il jugeait nécessaire d'exprimer la position sur certains dossiers chauds, affirme l'ancien chef de la diplomatie canadienne.

Critique du NPD

Le Nouveau Parti démocratique a de nouveau critiqué la décision de Stephen Harper, mardi, affirmant que les actions du gouvernement conservateur ne font qu'isoler le Canada du reste de la communauté internationale.

«C'est soit qu'il n'est pas intéressé à participer aux Nations unies, soit qu'il croit que ce que nous pouvons y contribuer n'a pas une grande valeur», a dénoncé le critique du parti en matière d'Affaires étrangères, Paul Dewar.