Le NPD se dit prêt à financer des recours judiciaires contre le gouvernement du Québec pour contester la charte des valeurs québécoises.

Le chef du parti fédéral, Thomas Mulcair, a déclaré à Ottawa lundi qu'il apporterait un soutien financier aux contestations intentées par des clients de l'avocat montréalais Julius Grey.

«Julius Grey et moi avons parlé de ça dès que ça a été publié la semaine dernière. Il est d'accord pour prendre toute cause pour toute personne qui serait éventuellement affectée par ça», a déclaré M. Mulcair en point de presse.

«Le NPD financerait, oui. Sans aucune hésitation», a-t-il ajouté.

M. Mulcair a décrit Me Grey comme «un collègue et ami de longue date, et un de mes plus proches conseillers à Montréal». M. Grey est membre du NPD depuis le début des années 1960.

Le NPD a promis de s'opposer bec et ongles à ce qu'il dénonce comme une forme de «discrimination d'État inadmissible».

«Hypothétique»

Joint par La Presse, Julius Grey a déclaré qu'il était trop tôt pour connaître la forme que prendraient ces recours et le financement du NPD, le cas échéant.

«Il faut savoir ce qui sera adopté, quand... Il faut savoir quelles seront les conséquences. Il peut y avoir des exceptions qui vont éliminer la majorité de nos contestations. On ne sait pas», a dit l'avocat.

Sur la question du financement, il a précisé que «ce n'est pas l'intention ni de moi, ni du parti de faire de l'argent avec cela. Mais il faut regarder les déboursés... Toutes sortes de choses peuvent être inconnues.»

«Tout est purement hypothétique», a conclu Me Grey.

Question de principe

Les résultats d'une enquête d'opinion publiés dans le Journal de Montréal lundi indiquent que 43% sont favorables à la proposition de Charte des valeurs québécoises, et 42% sont défavorables.

Chez les francophones, l'appui est de 49%, tandis que l'opposition est de 79% chez les anglophones.

Or, le NPD a remporté la majorité des sièges au Québec lors des dernières élections fédérales en raison d'une percée sans précédent de la formation au sein du vote francophone, notamment.

Le chef de l'Opposition officielle à la Chambre des communes a déclaré qu'il s'agissait d'une question de principe et non d'un concours de popularité.

«Dans mon expérience, le public aime bien un parti politique qui se tient debout et qui dit: on a des principes et on va les défendre», a tranché M. Mulcair.

Selon lui, les questions constitutionnelles en jeu sanctionnent l'intervention des politiciens fédéraux dans le dossier.

Le chef du NPD a reproché les tergiversations ou l'inaction de ses adversaires sur le plan niveau judiciaire. «Les conservateurs disent: "Si, si, si, si, peut-être." Les libéraux disent: "Non. Et le NPD dit: "Nous on va être là pour défendre les droits des minorités". Un point, c'est tout», a-t-il dit.

La position du gouvernement Harper est que si un projet de loi est adopté à l'Assemblée nationale et que les juristes du ministère fédéral de la Justice le jugent inconstitutionnel, une contestation judiciaire sera déposée.