Un programme secret de récolte de données d'appels téléphoniques et d'espionnage d'internet existe au Canada, à l'instar de ceux dont la presse a révélé l'existence la semaine dernière aux États-Unis, affirme The Globe and Mail.

Le ministre de la Défense, Peter MacKay, a signé en novembre 2011 un décret ministériel renouvelant ce programme de surveillance des télécommunications, qui avait initialement été mis en place dès 2005 par le précédent gouvernement libéral, a indiqué le quotidien.

Le programme, qui a pour objectif de traquer les activités suspectes, a été suspendu pendant plus d'un an en 2008 après l'intervention d'un juge de la Cour suprême. Le magistrat avait exprimé ses craintes qu'il ne mène à une surveillance indue des Canadiens, ajoute le journal, qui a obtenu des registres de données censurées en grande partie au nom de la sécurité nationale.

Aux États-Unis, les révélations sur deux programmes semblables ont déclenché la semaine dernière une vive controverse, forçant le président Barack Obama à préciser qu'ils ne s'appliquent pas «aux citoyens américains».

Or, au Canada, il arrive que des données provenant de citoyens canadiens soient parfois récoltées «accidentellement», ont admis des responsables du programme au Globe and Mail. Ces données sont alors immédiatement détruites, ont assuré ces responsables appartenant au Centre de la sécurité des télécommunications du Canada (CSTC), une agence du ministère de la Défense.

Dans un compte rendu adressé en 2011 au ministre de la Défense, les responsables du programme ont défendu son utilité en précisant qu'il ne vise pas l'écoute des communications en soi mais plutôt la récolte d'«une information associée à une télécommunication».

«Les mesures actuelles de protection de la vie privée sont adéquates», ajoutaient ces mêmes responsables, alors qu'ils cherchaient à obtenir le renouvellement du programme, poursuit le Globe and Mail.

«La métadonnée est utilisée pour isoler et identifier des communications de l'étranger, puisque le CSTC ne peut en vertu de la loi mener ses activités auprès des Canadiens», a dit au Globe and Mail un porte-parole du CSTC, Ryan Foreman.