Les publicités vidéo n'étaient qu'un hors d'oeuvre: les conservateurs s'apprêtent à lancer une campagne contre Justin Trudeau au moyen de lettres envoyées par les bureaux de leurs députés.

Mais contrairement aux vidéos, qui étaient financées à même les coffres du Parti conservateur du Canada (PCC), ces lettres seront expédiées dans les boîtes aux lettres des Canadiens aux frais des contribuables.

Les libéraux ont mis la main sur des maquettes de dépliants rédigées en anglais s'attaquant à l'expérience et au jugement du nouveau chef libéral, reprenant certaines citations hors contexte diffusées dans les publicités télévisuelles.

Dans une lettre accompagnant ces maquettes, les députés conservateurs sont invités à accorder leur autorisation pour de tels envois dans leur circonscription.

Aux yeux des partis d'opposition, les deniers publics ne devraient pas servir à cela.

Selon le député libéral Dominic LeBlanc, les conservateurs vont trop loin avec les lettres.

«Qu'ils veulent dépenser l'argent du Parti conservateur pour des annonces publicitaires négatives, les Canadiens sont un peu malheureusement habitués», a avancé M. LeBlanc. «Mais quand ils décident d'utiliser l'argent des contribuables pour distribuer ces matériaux tellement négatifs, nous trouvons encore là qu'ils ont transgressé une autre ligne.»

Le lieutenant de Stephen Harper pour le Québec, Christian Paradis, n'y voit toutefois rien de mal.

«Le type aspire à devenir premier ministre. Je pense que les Canadiens sont en droit de savoir toutes les facettes de l'information et je pense que c'est sain dans le débat politique», a-t-il soutenu.

Le 4 avril, avant que ce dépliant surgisse, le Nouveau Parti démocratique (NPD) avait quant à lui fait parvenir au président de la Chambre une lettre lui demandant de clarifier le privilège de la franchise postale des députés.

Le parti de Thomas Mulcair a d'ailleurs rappelé mercredi que les libéraux s'en étaient pris directement à eux dans un de ces dépliants récemment, avec une missive s'attaquant à leur député Craig Scott et son projet de loi sur la clarté référendaire.