Élections Canada reporte après les élections fédérales de 2015 tout projet-pilote sur le vote par l'internet.

L'organisme chargé de veiller au bon déroulement des scrutins nationaux comptait tester le vote électronique auprès de groupes d'électeurs ciblés à la première élection partielle déclenchée après mars 2013.

Mais la mise en oeuvre d'un tel projet ambitieux s'avère plus complexe que prévu. Résultat : Élections Canada doit revoir ses ambitions en reportant après le prochain scrutin fédéral tout projet-pilote destiné à mesurer l'efficacité et la sécurité du vote par internet, selon des informations obtenues par La Presse.

John Enright, porte-parole d'Élections Canada, a indiqué hier qu'on doit avoir la certitude que le vote par internet est sécuritaire et que les technologies utilisées protègent les renseignements personnels. On doit aussi s'assurer que le vote demeure secret.

Dans une présentation faite à l'Université d'Ottawa, l'an dernier, le directeur général d'Élections Canada, Marc Mayrand, avait ciblé certains groupes qui pourraient participer à un tel projet, soit les électeurs à l'étranger, les électeurs qui votent par anticipation ou les étudiants, notamment.

Il avait souligné que le vote par internet pourrait être un moyen d'encourager les Canadiens à exercer leur droit de vote - notamment les jeunes, plus nombreux à bouder les urnes le jour du scrutin. Aux élections de mai 2011, le taux de participation a atteint 61,1 % seulement, une hausse par rapport au creux de 58,8 % aux élections de 2008, mais un taux de participation faible comparativement à la moyenne de 75 % aux élections de 1984 et de 1988.

«C'est maintenant un projet plus à long terme. Les inquiétudes au sujet de la sécurité et de la technologie, entre autres, nous forcent à revoir nos plans. Ce ne sera même pas testé aux prochaines élections générales. C'est vraiment devenu une priorité à long terme pour Élections Canada», a indiqué M. Enright.

L'organisme continuera de suivre de près les endroits qui permettent une forme de vote électronique, notamment les villes de Halifax, en Nouvelle-Écosse, et de Markham, en Ontario.

«Nous consacrons nos efforts à renforcer notre système électoral et les systèmes administratifs dans la foulée de la décision d'Etobicoke-Centre. C'est logique. Il faut mettre nos ressources là où il y a des besoins. Le vote par l'internet est un projet qui est encore à l'étude, mais à long terme», a-t-il ajouté.

La circonscription d'Etobicoke-Centre a été le théâtre d'une longue bataille devant les tribunaux après les élections de mai 2011. Le conservateur Ted Orpitz avait battu le député libéral sortant Borys Wrzesnewskyj par 26 voix seulement. Mais ce dernier a contesté le résultat en soutenant qu'Élections Canada avait erré en acceptant d'inscrire certains électeurs qui, selon lui, n'avaient pas fourni de pièces d'identité adéquates.

En mai dernier, la Cour supérieure de l'Ontario a annulé 79 votes dans Etobicoke-Centre et déclaré nul le résultat du scrutin dans cette circonscription en disant que les employés d'Élections Canada n'avaient pas rempli correctement les documents de certains électeurs. Mais la Cour suprême du Canada a annulé cette décision en octobre.

Dans sa décision, le plus haut tribunal du pays a estimé que l'annulation du scrutin dans cette circonscription pénaliserait non seulement ceux dont le bulletin de vote a été rejeté, mais aussi chaque électeur qui s'était rendu aux urnes dans Etobicoke-Centre en mai 2011.

- Avec la collaboration de William Leclerc