Le refus du Canada de participer au plan du Fonds monétaire international pour recapitaliser les banques européennes ne fera pas dérailler les négociations de libre-échange qui ont cours entre le Canada et l'Union européenne depuis trois ans.

C'est du moins l'assurance qu'ont donnée hier le premier ministre Stephen Harper et la chancelière allemande Angela Merkel au terme d'une rencontre bilatérale.

«Les deux dossiers ne sont pas liés», ont-ils tour à tour assuré.

«J'ai pleinement confiance en les moyens et la volonté des pays européens de régler eux-mêmes la crise de la dette souveraine», a enchaîné Stephen Harper.

Mettre le frein à ces négociations en raison du différend entre le Canada et l'UE sur le plan de sauvetage enverrait un mauvais message à un bien mauvais moment à ceux qui préconisent la libéralisation des échanges, ont aussi indiqué les deux leaders.

«Un signe important»

«Ce sera un signe bien important pour l'économie mondiale. Pendant qu'il y a des difficultés dans les négociations sur le commerce à l'OMC, il est essentiel que des économies majeures fassent des progrès à cet égard. Nous sommes en train de respecter le calendrier que nous avons établi pour ces négociations jusqu'à maintenant», a affirmé Stephen Harper.

Angela Merkel a même fait valoir qu'un accord de libre-échange entre le Canada et l'UE fait partie des solutions à la crise de la dette souveraine en Europe. Car l'élimination des déficits et la compression des dépenses ne permettront pas à elles seules d'assurer la prospérité des pays de l'Europe, a-t-elle fait valoir.

La chancelière s'est d'ailleurs engagée à utiliser l'influence et le poids de l'Allemagne au sein de l'UE afin de faire aboutir ces négociations avant la fin de l'année. Selon elle, la libéralisation du commerce et des échanges permettra à l'UE de retrouver le chemin de la croissance économique et de créer de nouveaux emplois.

L'accès aux marchés publics locaux, la protection de la propriété intellectuelle et les brevets pharmaceutiques font notamment partie de la liste des sujets à régler. Dans le cas des marchés publics, certaines provinces et des municipalités redoutent la concurrence des entreprises européennes.

«À mon retour en Allemagne, je veillerai à ce que ces négociations soient conclues rapidement. À un moment où le monde manque de croissance, nous, le Canada et l'Allemagne, sommes convaincus que le libre-échange est l'un des meilleurs moteurs de croissance que nous puissions avoir», a-t-elle soutenu.

Les ressources naturelles

Mme Merkel a souligné qu'il est dans l'intérêt de l'UE de conclure un tel accord commercial avec le Canada compte tenu de l'abondance de ses ressources naturelles.

«Il est intéressant de collaborer avec un pays aussi riche en ressources naturelles. Nous pourrons obtenir beaucoup de cet accord», a-t-elle ajouté, soulignant même que l'accès à ces ressources demeure un «grand enjeu stratégique mondial».

Le gouvernement Harper fait de la conclusion de cette entente l'une de ses priorités absolues en matière de commerce international depuis trois ans. Selon les calculs des autorités canadiennes, un tel accord permettrait d'augmenter le produit intérieur brut du pays de

12 milliards annuellement et donnerait aux entreprises canadiennes un meilleur accès à un marché «de

500 millions de consommateurs européens.»

Dans les officines à Ottawa, on craignait que la fin de non-recevoir catégorique du Canada au plan de sauvetage du FMI refroidisse l'ardeur de la chancelière allemande au sujet des négociations de libre-échange. Des diplomates allemands en poste à Ottawa avaient même laissé entendre au cours des derniers jours que ce sujet pourrait être une importante pomme de discorde entre M. Harper et Mme Merkel qui pourrait affecter le cours des négociations. De toute évidence, cela n'a pas été le cas.

Mme Merkel est arrivée à Ottawa mercredi soir pour une visite de 24 heures. En fin de journée, hier, elle s'est rendue à Halifax afin de rencontrer des chercheurs canadiens de biologie marine et de questions environnementales avant de reprendre l'avion en soirée pour rentrer à Berlin.