Le ministre de l'Immigration Jason Kenney veut faire la chasse aux citoyens canadiens et résidents permanents qui obtiennent ces documents de manière frauduleuse. Le gouvernement espère révoquer 2100 citoyennetés obtenues de cette façon, et 4400 résidences permanentes: du jamais vu au Canada.

«Le ministère fait une enquête sur plus de 6000 personnes, dont 2000 ont déjà eu la citoyenneté et 4400 autres, la résidence permanente, a-t-il dit lors d'un point de presse organisé à Montréal. Si vous voulez devenir citoyen, vous devez respecter les règles. La citoyenneté n'est pas à vendre.»

Pour devenir résident permanent au Canada, il faut être sélectionné par le ministère de l'Immigration. La résidence ouvre ensuite la porte à la citoyenneté: un immigré peut ainsi en faire la demande s'il passe trois ans au Canada sur une période de cinq ans. Or, de nombreux consultants en citoyenneté se sont spécialisés dans la vente de preuves de résidence au Canada pour des personnes qui n'y vivent pas, leur ouvrant la porte à la citoyenneté.

«Il y a de l'argent à faire avec la fraude à la résidence», dit le ministre. Ainsi, une famille de 5 personnes peut payer jusqu'à 25 000$ pour avoir, pendant 4 ans, de fausses factures, baux ou toute autre preuve de résidence ici.

Ce n'est pas la première fois que le gouvernement s'attaque aux consultants en immigration frauduleux. Dès le début de son mandat, Jason Kenney a eu vent des fraudes de ces consultants. Une rumeur confirmée par un reportage d'Enquête, de Radio-Canada. Le gouvernement a mené sa propre enquête et a identifié plusieurs milliers de cas problématiques.

La révocation de ces citoyennetés relève toutefois d'un processus «lourd», reconnaît Jason Kenney. Ce sera à la Cour fédérale d'entériner ces révocations, recommandées par le ministère. Mais les personnes visées n'ont pour la majorité pas fait connaître leur opposition. Et pour cause: les adresses laissées aux autorités fédérales sont bien souvent factices.

«On ne peut pas contacter des résidents fantômes», souligne Jason Kenney.

Enfin, le gouvernement conservateur n'exclut pas d'apporter certaines modifications à la Loi sur la citoyenneté et de durcir les règles concernant le parrainage d'immigrés par le mariage.

«L'objectif n'est pas de rendre les choses plus difficiles pour les citoyens, mais il faut protéger la valeur de la citoyenneté canadienne», dit-il.

Chaque année, 150 000 personnes accèdent à la citoyenneté canadienne. Depuis 1947, le Canada n'a procédé qu'à 80 révocations de citoyenneté.