Le ministre fédéral de l'Immigration, Jason Kenney, a annoncé vendredi que des centaines d'interprètes afghans seront accueillis au Canada au cours des prochains mois, dans le cadre d'un programme visant à remercier les citoyens d'Afghanistan qui ont participé à la mission militaire canadienne dans ce pays.

M. Kenney avait annoncé il y a deux ans ce projet visant à aider les Afghans qui ont affronté des «risques personnels hors de l'ordinaire» en collaborant avec les Canadiens.

«Nous avons reçu quelques centaines de demandes. Nous nous attendons à admettre environ 550 participants au programme, ce qui dépasse notre prévision de 450», a affirmé Jason Kenney vendredi dans une entrevue avec La Presse Canadienne.

«Nous apprécions le courage et la bravoure des Afghans qui ont coopéré avec les Forces canadiennes. Nous nous attendons à ce que tous ceux qui sont admissibles au programme viendront au Canada au cours des prochains mois.»

Seulement 56 interprètes ont amorcé une nouvelle vie au Canada depuis le lancement du programme, a indiqué Rachelle Bédard, porte-parole de Citoyenneté et Immigration Canada. Trente-trois autres devraient arriver d'ici la fin du mois de juillet. Ils seront suivis par 130 compatriotes d'ici la fin de l'automne.

«Nous espérons que les autres pourront s'installer au Canada au début de 2012», a-t-elle expliqué.

Une menace constante

En Afghanistan, les interprètes qui collaborent avec la coalition de l'OTAN vivent en permanence avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. En 2009, l'un d'entre eux a été tué par balle dans la ville de Kandahar. La police soupçonne les talibans pour cet attentat.

Au moins six interprètes sont morts aux côtés de soldats canadiens, et d'autres ont été blessés par des engins explosifs en bordure des routes. Des collaborateurs des Canadiens ont vu des membres de leur famille tués ou kidnappés à cause de leur emploi.

Ils gagnent entre 600 et 900 $ par mois, mais révèlent rarement à leurs proches d'où provient leur salaire. Sur le terrain, ils se couvrent le visage en tout temps, n'utilisent que des surnoms et refusent aussi d'être photographiés.

Jason Kenney a reconnu que certains interprètes ont dû subir des délais en raison de problèmes de sécurité. «Le programme a débuté lentement parce que, peu après l'annonce, la situation à Kandahar s'est détériorée. Nous avons dû retirer tout le personnel civil, donc les gens de l'immigration ne pouvaient pas examiner les demandes», a-t-il expliqué.

«Nous avons perdu presque un an, mais nous regagnons du terrain maintenant.»