Juste avant l'adoption de la motion de censure qui a fait tomber vendredi après-midi le gouvernement de Stephen Harper, des députés de tous les partis fédéraux ont mis de côté leurs attaques au vitriol pour rendre hommage à Peter Milliken, président sortant de la Chambre des communes.

Après 23 ans comme député libéral de la circonscription de Kingston et les Îles, dont dix comme arbitre de la lutte politique à Ottawa, M. Milliken prend sa retraite.

Il a été salué par une longue ovation et les éloges de toutes les formations politiques. Même les députés conservateurs ont exprimé leur gratitude, mettant de côté le rôle que le président des Communes a joué dans la chute du gouvernement Harper.

«Pendant quatre mandats comme président, vous vous êtes conduit avec beaucoup d'intégrité et avec beaucoup de professionnalisme», a affirmé John Baird, leader du gouvernement en Chambre. «Vous êtes réfléchi, vous êtes intelligent et, monsieur le président, vous avez joui de la confiance de cette Chambre chaque jour de séance. Il s'agit d'une réussite remarquable.»

L'an dernier, Peter Milliken a jugé que le gouvernement Harper violait les privilèges du Parlement en refusant de lui transmettre des documents confidentiels concernant le sort des prisonniers afghans. Le président des Communes avait déterminé que le Parlement avait un droit d'accès absolu et illimité aux documents, même s'ils concernent la sécurité nationale du Canada.

Plus tôt ce mois-ci, M. Milliken a aussi débouté le gouvernement pour avoir refusé de révéler les coûts de ses projets de lois en matière criminelle, ceux de l'achat de nouveaux avions de chasse et ceux des avantages fiscaux accordés aux entreprises. Le président a aussi jugé que la ministre Bev Oda avait violé les privilèges parlementaires en induisant en erreur les Communes.

Libby Davies, leader néo-démocrate en Chambre, a affirmé que les Communes se souviendront de Peter Milliken pour son sens de l'équité, son impartialité, son sens de l'humour et sa grande connaissance des mystères de la procédure parlementaire.

«Vous connaissez cet endroit comme le fond de votre poche, ainsi que toutes ces pratiques étranges que personne ne comprend vraiment, mais qui deviennent importantes et même critiques à un certain moment», a plaidé la députée Davies.

M. Milliken étudie la procédure parlementaire depuis longtemps. Il avait commencé à lire les comptes-rendus officiels des débats parlementaires à l'adolescence. Ses adieux à la Chambre qu'il a dirigée pendant si longtemps furent empreints de tristesse.

«Lorsque vous m'avez élu pour remplir ces fonctions, vous m'avez lancé un grand défi», a-t-il affirmé, la voix brisée par l'émotion. «L'affection et le respect que vous m'avez démontré depuis ma première élection furent les plus merveilleux moments de ce travail.»