«Après Vincent Lacroix, on peut s'attendre à Earl Jones!»

Le Bloc québécois est revenu à la charge sur la question de la libération conditionnelle après le sixième de la peine, hier, et a de nouveau invité le gouvernement Harper à changer la règle qui a permis à Vincent Lacroix de sortir de prison après seulement deux ans.

Le chef bloquiste, Gilles Duceppe, est allé jusqu'à plaider directement auprès du premier ministre Stephen Harper, après la période des questions, pour lui demander d'agir le plus rapidement possible dans ce dossier, avant qu'il ne soit trop tard et qu'Earl Jones bénéficie du même traitement.

«Il voulait vérifier et il me reviendra», a précisé M. Duceppe à sa sortie de la Chambre des communes.

Plusieurs tentatives vaines

La mesure, introduite il y a 15 ans, permet à un criminel condamné à plus de deux ans de prison pour un crime non violent de bénéficier d'une libération conditionnelle après avoir purgé le sixième de sa peine s'il s'agit de sa première condamnation fédérale.

Dans le passé, le Bloc québécois a multiplié les tentatives pour abolir cette règle, sans succès, malgré l'unanimité des partis de l'opposition. «Chaque fois, les conservateurs s'y sont opposés», a dénoncé hier la députée bloquiste Maria Mourani.

Le gouvernement Harper préconise plutôt une réforme plus large qui ajouterait d'autres considérations relatives à la libération conditionnelle, mais les partis de l'opposition souhaitent l'étudier plus longuement.

«Nous demandons au Bloc, plutôt que de s'opposer chaque fois à nos projets de loi, de nous appuyer, de manière à ce qu'on travaille ensemble, que ce soit pour combattre les crimes de bandits en cravate ou d'autres types de crimes, afin que ceux qui doivent être en prison restent en prison», a lancé hier le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews.

C'est cet entêtement du gouvernement qui est responsable de la libération hâtive de Vincent Lacroix, selon les troupes de Gilles Duceppe.

«Il est nécessaire de profiter du consensus en cette Chambre et d'éliminer rapidement les libérations au sixième de la peine, a exhorté Mme Mourani au cours de la période de questions. Après Vincent Lacroix, on peut s'attendre à Earl Jones!»

Deux cas qui choquent

Condamné en octobre 2009 à 13 ans de prison pour avoir orchestré une fraude de 113 millions de dollars contre 9200 investisseurs, Vincent Lacroix a pris le chemin de la maison de transition la semaine dernière.

Earl Jones a pour sa part été condamné à 11 ans en février 2010, pour avoir détourné plus de 50 millions de dollars appartenant à 158 investisseurs.

Il devrait être admissible à la libération conditionnelle au mois de décembre prochain.