Les libéraux fédéraux vont se servir de la culture comme étendard stratégique pour conquérir le Québec lors de futures élections.

Une tactique de séduction, certes, mais la culture est une préoccupation bien réelle du parti, a expliqué mardi à La Presse Canadienne le président du caucus des libéraux du Québec, Pablo Rodriguez.

Lors des élections de 2008, le Parti conservateur a manifestement souffert au Québec pour avoir effectué des compressions significatives dans le budget culturel. La levée de boucliers de citoyens et d'artistes qui a suivi les annonces d'abolition de programmes a été fort remarquée.

Conscients de cet obstacle rencontré par les troupes de Stephen Harper en sol québécois, les libéraux semblent vouloir s'approprier le thème, espérant toucher une corde sensible chez les Québécois.

Et visant certainement à gagner des points auprès de l'électorat de la province en vue d'un possible scrutin.

«La culture, c'est le jour et la nuit entre nous et les conservateurs», a indiqué M. Rodriguez, qui promet une bataille idéologique entre les deux partis à ce sujet.

Les députés québécois se sont réunis en marge du caucus national libéral. Ce sont eux qui ont développé le programme du parti en matière de culture.

Les libéraux promettent notamment de rétablir tous les programmes culturels - ainsi que leur budget de quelque 45 millions $ - annulés par les conservateurs, souligne M. Rodriguez. La dizaine de programmes comme PromArt et Routes commerciales seront remis en vigueur, bien que possiblement sous une forme différente.

Le budget du Conseil des arts serait aussi doublé sous un gouvernement libéral, a rappelé M. Rodriguez, rencontré au terme de la réunion du caucus québécois.

Il passerait de 180 millions $ à 360 millions $, et ce, au cours du premier mandat d'un gouvernement libéral.

Ayant lui-même participé à la rédaction du volet «culture» de la plateforme libérale, M. Rodriguez promet qu'il «y a beaucoup de choses pour la culture», pour les artistes et pour la promotion de la création à l'étranger.

«C'est plus que d'investir, c'est de mettre la création au centre de ce que l'on fait», explique-t-il.

«Parce qu'on y croit», a-t-il martelé.

Des mesures pour l'environnement et d'autres pour redonner de la crédibilité au Canada sur la scène internationale font aussi partie des éléments qui seront utilisés pour rejoindre les Québécois.

Mais le mot «culture» était pourtant absent du fougueux discours livré plus tôt dans la journée par le chef libéral Michael Ignatieff, devant son caucus national réuni à Ottawa.

Même s'il répète ne pas vouloir d'élections et se défend de chercher à les provoquer, son allocution de mardi avait toutes les apparences d'une répétition générale d'un discours électoral.

Bien qu'il ait soutenu dans le passé des mesures du gouvernement conservateur, M. Ignatieff a bien averti Stephen Harper qu'il ne serait pas toujours le filet de sûreté de son gouvernement, laissant entendre que son appui lors du vote sur le prochain budget fédéral était loin d'être acquis.

«Nous ne sommes pas la garantie du futur du gouvernement conservateur», a lancé le chef d'un ton combatif.

«Nous sommes ici pour nous y opposer et pour le remplacer».

M. Ignatieff a donné une bonne indication de ce que sera le programme de son parti: la famille, d'abord et avant tout.

L'équipe libérale entend notamment aider les Canadiens à défrayer les coûts de l'éducation postsecondaire et des garderies, en plus de proposer des mesures pour les aidants naturels et les fonds de retraite des travailleurs.

Pour financer en partie ces propositions, les libéraux prônent l'abolition des réductions d'impôt consenties aux entreprises, se distinguant par le fait même du gouvernement Harper qui en fait un important cheval de bataille.

Dans un discours où il cherchait manifestement à différencier son parti des conservateurs, M. Ignatieff a fait valoir que le gouvernement actuel cherche à créer la peur chez les Canadiens, alors que le sien sera un gouvernement d'espoir.

Il a ainsi dénoncé à nouveaux les coûteux achats militaires des conservateurs et leurs nombreuses lois pour réprimer la criminalité et l'immigration illégale.

Les libéraux sont réunis en caucus pour trois jours à Ottawa, peu avant la rentrée parlementaire de lundi.