Le gouvernement fédéral fait l'objet d'une poursuite judiciaire après avoir discrètement ouvert à des concessions minières une région de l'Arctique jusque-là protégée.

La nouvelle tombe une journée après qu'Ottawa a annoncé les frontières d'un sanctuaire marin projeté dans l'est de l'Arctique.

La zone - 14 000 kilomètres carrés dans le plateau de Horn, au centre des Territoires du Nord-Ouest - était protégée depuis 2002.

La première nation Dehcho demande à la Cour fédérale de renverser la décision du gouvernement, qui a annulé l'interdiction de posséder des concessions minières dans la région.

La région est considérée sacrée par les Dehcho et est l'habitat de plusieurs espèces en danger et d'oiseaux migrateurs, en plus d'être la source de trois importants cours d'eau. Le plateau de Horn a été un candidat pour être nommé réserve d'espèces sauvages depuis plus d'une décennie.

En 2002, Ottawa a donné son accord pour bloquer temporairement les demandes de concessions minières tandis que les discussions se poursuivaient. Cette interdiction a été renouvelée tous les deux ans - jusqu'à cet automne, lorsqu'un décret a maintenu la protection des droits de surface, mais l'a retirée pour les droits souterrains.

Les prospecteurs peuvent désormais déposer des demandes de concessions minières. Cela crée une troisième partie qui, disent certaines personnes, rendra encore plus difficile la protection de la région.

Le plateau représenterait un potentiel intéressant en termes de diamants, de métaux de base, d'uranium et d'énergie.

L'avocat pour la première nation Dehcho, Chris Reid, a indiqué que le gouvernement fédéral avait rompu une promesse de l'ancien ministre des Affaires Indiennes Chuck Strahl pour renouveler la protection de plusieurs zones proposées comme réserves, formulée en mai dernier lors d'une rencontre avec le grand chef des Dehcho, Sam Gargan.

Me Reid a ajouté qu'il n'y avait pas eu de consultation sur le changement de statut du plateau de Horn.

Les discussions pour protéger la région ont débuté en 1992. Au final, un groupe d'autochtones, d'environnementalistes, de responsables gouvernementaux et de représentants de l'industrie minière se sont entendus pour fixer à 14 000 kilomètres carrés la zone protégée.

«Bien que nous ne voulions pas de confrontation avec votre gouvernement ou avec l'industrie minière, nous ne pouvons nous effacer et autoriser la destruction de cette partie intégrante de notre terre natale et de nos cours d'eau», a écrit le grand chef Gargan à l'actuel ministre des Affaires indiennes, John Duncan, dans une lettre datée du 10 novembre. Tous les signes d'exploration minière seront contrés, a écrit le grand chef.

Pour Rob Powell, du Fonds mondial pour la nature, la décision du fédéral pourrait avoir des conséquences sur les six autres zones des Territoires du Nord-Ouest qui sont en voie de devenir protégées.