Jean Chrétien fera un retour remarqué sur la colline parlementaire le 25 mai. Et le «p'tit gars» de Shawinigan, qui a été premier ministre pendant 10 ans, risque de provoquer une vague de nostalgie dans les rangs des libéraux.

Près de sept ans après son départ de la vie politique, M. Chrétien aura son portrait officiel accroché dans le couloir du parlement réservé aux anciens premiers ministres. Il rejoindra donc les Pierre Trudeau, Brian Mulroney, Lester B. Pearson, Louis Saint-Laurent et Wilfrid Laurier, entre autres.

Déjà, les libéraux, qui sont relégués aux banquettes de l'opposition depuis 2006, se réjouissent à l'idée de revoir le chef qui les a conduits trois fois vers la victoire, en 1993, 1997 et 2000.

«Il a fait un job extraordinaire pour les Canadiens. Comme premier ministre, il a été un vrai chef, qui a fait un travail remarquable non seulement pour le Parti libéral, mais pour tout le pays. C'est aussi un ami», a affirmé hier le député libéral de Toronto-Centre, Bob Rae, qui a été premier ministre de l'Ontario de 1990 à 1995.

«M. Chrétien a été un grand premier ministre et un grand Canadien. Ce sera un moment de grande fierté de voir son portrait accroché», a dit pour sa part le jeune député libéral Mark Holland.

Le portrait est l'oeuvre de Christian Nicholson, qui a en fait peint deux tableaux. L'ancien premier ministre a pu choisir celui qu'il préférait. Il a écarté celui qui le présentait comme un homme plutôt austère, selon une information qui a circulé la semaine dernière.

Le Parti libéral a fait la pluie et le beau temps à Ottawa sous la houlette de Jean Chrétien, notamment en remportant la quasi-totalité des sièges en Ontario grâce à la division du vote de la droite entre le Parti progressiste-conservateur et le Parti réformiste (devenu plus tard l'Alliance canadienne) dans les années 90.

«Sa plus grande force, c'était de constamment avoir en lui le pouls du pays. Non seulement il avait un instinct politique remarquable, mais il comprenait bien la mécanique du pouvoir et la complexité du Canada. Et il est resté authentique : il disait aux Canadiens ce qu'il pensait, même si ça créait des remous. Il a toujours été sous-estimé et ça l'a très bien servi», estime Robert Asselin, directeur associé à l'École d'affaires publiques et internationales de l'Université d'Ottawa, qui a été conseiller politique des gouvernements Chrétien et Martin.

Après le départ de Jean Chrétien, les libéraux, sous Paul Martin, ont formé un gouvernement minoritaire qui n'a duré que 18 mois. Depuis 2006, les libéraux ont vu leurs appuis chuter progressivement dans les intentions de vote, d'abord sous Stéphane Dion, qui a mené le Parti libéral à son pire score électoral avec 26,3% (77 sièges), puis sous Michael Ignatieff. Si des élections générales avaient lieu aujourd'hui, le Parti libéral ne récolterait guère plus de 27% ou 28% des voix, si l'on se fie aux sondages publiés dernièrement.