Les pays qui croulent sous les dettes et qui continuent à emprunter massivement de l'argent posent un «risque réel» à la reprise économique mondiale, a affirmé le premier ministre Stephen Harper.

En conférence de presse à Zagreb, la capitale croate, M. Harper a soutenu qu'une bonne partie des discussions qui se tiendront au G20 le mois prochain à Toronto devront porter sur l'élaboration de stratégies de sortie aux plans de relance des pays.

Ces commentaires ont été formulés par le premier ministre canadien alors que les leaders de l'Union européenne se réunissaient à Bruxelles pour résoudre le problème de la crise financière liée à l'insolvabilité de la Grèce et qui a fait chuter l'euro de manière significative cette semaine.

M. Harper, qui effectuait une escale de 18 heures en Croatie au cours d'un voyage de cinq jours en Europe, a fermement endossé le plan de relance de l'Union européenne pour la Grèce deux jours plus tôt à Bruxelles.

«Nos amis européens ont entrepris toutes les actions qui étaient nécessaires», a-t-il dit du prêt d'urgence de 140 milliards de dollars accordé à la Grèce par l'Union européenne et le Fonds monétaire international.

Le président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso, a fait un appel à la patience, ajoutant que l'argent offert était suffisant. «Les marchés sont nerveux», a-t-il néanmoins reconnu mercredi lors d'un point de presse avec les journalistes canadiens. «J'espère que les leaders ne sont pas nerveux», a ajouté le politicien portugais.

Mais vendredi, les pays européens ont montré plusieurs signes de nervosité, notamment l'Allemagne et la France, qui ont affirmé que plus d'actions auraient pu être entreprises. «C'est évident que la situation en Europe est inquiétante pour plusieurs personnes», a reconnu M. Harper, à la suite d'une rencontre avec la première ministre de  la Croatie, Jandranka Kosor. Mais il a répété qu'il croyait que l'Europe avait pris les mesures nécessaires.

«Nous allons faire tout ce que nous pouvons pour apporter du soutien et pour encourager les marchés à agir de manière rationnelle et à demeurer concentrés sur la reprise», a ajouté M. Harper.

Le premier ministre marchait sur des oeufs, vendredi, lorsqu'il évoquait l'économie canadienne, qui est sur la voie de la reprise, en comparaison avec l'européenne qui nage en eaux troubles. À l'annonce des chiffres étonnamment positifs sur la création de l'emploi au Canada et aux États-Unis vendredi, M. Harper a insisté sur le fait que la reprise demeurait toujours fragile.

Stephen Harper, qui présidera le sommet du G20 cette année, a soutenu qu'il «faut porter une attention spéciale...non seulement sur les plans de relance mais aussi sur les stratégies de sortie de ces plans de relance (au sommet de Toronto)».

Selon lui, la situation en Europe démontre que malgré la nécessité pour de nombreux pays de d'emprunter lors des crises économiques, certains d'entre eux, lourdement endettés, risquent de se retrouver avec un très grand déficit qui s'étendra sur plusieurs années. «À l'approche de la reprise, nous avons tous besoin, sur le plan international, d'avoir de solides stratégies de sortie pour mettre un terme à ces situations», a plaidé M. Harper.

Alors que les finances du Canada demeurent en bonne posture, le premier ministre a noté que le niveau d'endettement du Canada «n'était pas la première préoccupation». «Nous sommes dans une économie mondialisée et nous devons voir tout le monde accomplir des progrès et s'occuper des déséquilibres fiscaux et autres qui subsistent dans cette économie mondiale», a soutenu M. Harper.

Ce dernier était cependant moins bavard vendredi concernant les élections au Royaume-Uni. Mais il a fait preuve d'humour lorsqu'on lui a posé une question à ce sujet.

Esquivant ladite question, il a joué avec les mots en utilisant une expression anglaise, qui dit qu'il n'y a rien de mieux pour clarifier l'esprit le matin que lorsque l'on sait que l'on sera «pendu». Dans la langue de Shakespeare, un «Parlement suspendu» en est un qui n'obtient pas une majorité des sièges.

Il a ajouté qu'il en avait lui-même plein les bras avec son propre Parlement minoritaire depuis plus de quatre ans, et qu'il ne voulait pas essayer d'en gérer un autre.

M. Harper a tenu ces propos lors d'une conférence de presse à la suite d'une rencontre avec la première ministre de la Croatie, Jandranka Kosor, dans la capitale Zagreb.

C'est la première fois qu'un premier ministre canadien visite ce pays depuis son indépendance en 1992. Cette escale de 18 heures du premier ministre canadien a pris tout son sens lorsque Mme Kosor a affirmé en conférence de presse que son pays appuiera la tentative du Canada d'obtenir un siège au Conseil de sécurité des Nations unies.

Les deux dirigeants ont conclu une entente vendredi qui permettra aux jeunes du Canada et de la Croatie de vivre et de travailler dans l'autre pays.

Le voyage de Stephen Harper de cinq jours dans quatre pays européens se conclura ce samedi en Allemagne, par une rencontre avec la chancelière Angela Merkel.