Les Premières Nations demandent l'aide de toute la population du pays pour tordre le bras au gouvernement de Stephen Harper afin qu'il adhère à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Elles font circuler une pétition rappelant que le Canada n'a toujours pas donné son appui à la Déclaration votée en 2007 par 144 pays à l'Assemblée générale de l'ONU et pressant le gouvernement de rectifier le tir.

Le Canada fait partie d'un groupe très restreint de trois pays, avec les Etats-Unis et la Nouvelle-Zélande, n'ayant pas adhéré à la Déclaration destinée à protéger les droits individuels et collectifs des Premières Nations.

En conférence de presse jeudi, le chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, a avancé que la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis pourraient réviser leur position très prochainement, ce qui mettrait le Canada encore plus à l'écart sur la scène internationale.

«Pourquoi le Canada, qui prétend être champion au niveau du respect des droits humains, voudrait-il s'isoler d'une telle majorité? C'est sans doute ce qui nous déçoit le plus», a-t-il noté.

Les Premières Nations souhaitaient profiter du 10 décembre, Journée internationale des droits de la personne, pour attirer l'attention du gouvernement conservateur sur ce dossier qui traîne depuis trois ans.

A l'époque du vote aux Nations unies, le ministre des Affaires indiennes et du Nord, Chuck Strahl, avait soutenu que le texte de la Déclaration comportait des «lacunes fondamentales» et que le processus de mise en oeuvre n'était pas assez clair.

Des dispositions particulières l'avaient notamment fait sourciller, dont celle stipulant que «les peuples autochtones ont le droit aux terres, territoires et ressources qu'ils possèdent et occupent traditionnellement ou qu'ils ont utilisés ou acquis». Le gouvernement craignait alors que les communautés autochtones en profitent pour faire davantage de revendications auprès d'Ottawa.

Il s'inquiétait par ailleurs que le Canada doive obtenir le consentement préalable des peuples autochtones avant d'adopter des lois pouvant les concerner de près ou de loin.

Mais selon Béatrice Vaugrante d'Amnistie internationale, ces craintes ne sont pas justifiées puisque les documents du genre n'ont pas force de loi à proprement dit. Elle répète que la Déclaration ne contrevient aucunement aux lois canadiennes et permettrait d'améliorer les conditions «déplorables» que l'on peut constater dans les communautés autochtones.

«La Déclaration sur les droits des peuples autochtones n'est pas contraignante. Par contre, une fois adoptée, elle permet non seulement au gouvernement de l'utiliser mais à des juges, des institutions légales, des avocats, des organisations comme la nôtre (...) de s'en inspirer», a-t-elle souligné.

Les trois partis d'opposition ont confirmé jeudi aux communautés autochtones qu'elles pouvaient compter sur leur appui dans cette bataille. Le chef bloquiste Gilles Duceppe, présent à la conférence de presse des Premières Nations, a notamment indiqué que ses députés allaient faire circuler la pétition afin de recueillir autant de signatures que possible.

«C'est une honte pour le Canada et le Québec de voir le Canada refuser de signer cette Déclaration», a-t-il laissé tomber.

Le chef libéral Michael Ignatieff a lui aussi réitéré l'importance d'agir dans ce dossier en soulignant dans un communiqué que les droits de 370 millions d'autochtones du monde entier était reconnus grâce à la Déclaration, et le chef néo-démocrate Jack Layton a tenu à aborder la question dans son point de presse dressant le bilan de la de session parlementaire.