L'ancien ministre de la Justice, Martin Cauchon, veut revenir en politique fédérale. Et il souhaite que les hautes instances du Parti libéral du Canada tiennent une assemblée d'investiture dans Outremont, une circonscription qu'il a représentée à la Chambre des communes pendant 11 ans.

Dans une entrevue accordée à La Presse, hier, M. Cauchon a dit qu'il sera assurément candidat à cette assemblée d'investiture afin non seulement de porter les couleurs du PLC au prochain scrutin, mais aussi de reprendre ce bastion libéral, tombé entre les mains du néo-démocrate Thomas Mulcair en septembre 2007.

 

Rentré au pays après un voyage de quelques jours en Chine, M. Cauchon a fait part de son étonnement lorsqu'il a appris que le lieutenant politique de Michael Ignatieff au Québec, Denis Coderre, avait décidé de réserver cette circonscription à Nathalie Le Prohon, une femme d'affaires de Montréal.

Il s'est dit d'autant plus surpris qu'un proche collaborateur de M. Ignatieff l'a rencontré en juin afin de le convaincre de reprendre du service cinq ans après qu'il eut tiré sa révérence. M. Cauchon a alors demandé qu'on lui accorde une période de réflexion afin de discuter de cette offre avec sa famille.

M. Cauchon a fait savoir à l'entourage de M. Ignatieff il y a trois semaines qu'il acceptait de porter à nouveau la bannière du PLC aux prochaines élections, qui pourraient avoir lieu cet automne ou au printemps. Or, une semaine plus tard, M. Coderre a dit à qui voulait l'entendre qu'Outremont était réservée à une candidate.

«Je suis surpris de tout ce qui est arrivé. Je milite dans ce parti depuis l'âge de 17 ans. J'ai été président de l'aile québécoise du Parti libéral. J'ai été député et ministre pendant une dizaine d'années. Je pense avoir bien servi la société canadienne et mon parti», a indiqué M. Cauchon.

«On m'a demandé en juin de revenir pour rebâtir le parti au Québec. Je veux revenir, surtout quand je regarde la direction que donne au pays le gouvernement Harper. Ce que fait le gouvernement conservateur ne correspond pas du tout à ma vision de la société canadienne. Le timing est bon pour revenir. Je crois en mon parti et je crois en mon chef», a ajouté l'ancien ministre libéral, qui pratique le droit à Montréal depuis 2004.

En privé, plusieurs militants libéraux croient que M. Coderre tente de contrer le retour de M. Cauchon parce qu'il le voit comme une menace dans une éventuelle course à la direction du Parti libéral. M. Coderre n'a jamais caché son intérêt à cet égard. Il a d'ailleurs aussi tenté de bloquer la route à Steven MacKinnon à l'assemblée d'investiture dans Gatineau, mais sans succès. M. MacKinnon est vu par plusieurs observateurs comme ministrable dans un gouvernement Ignatieff.

En entrevue, M. Cauchon a dit souhaiter que le chef libéral Michael Ignatieff donne sa bénédiction à une assemblée d'investiture. De toute façon, a-t-il ajouté, M. Ignatieff détient seul le pouvoir de réserver une circonscription à un candidat de son choix et il n'a pas encore mentionné de préférence jusqu'ici.

«Je suis un peu dans les limbes, en ce moment. Je ne connais pas les intentions de mon chef», a-t-il dit.

Michael Ignatieff est donc face à deux choix à la suite de cet appel de Martin Cauchon. Il peut soit appuyer la décision de Denis Coderre de réserver Outremont à une femme ou désavouer son lieutenant politique en ordonnant une assemblée d'investiture.

La semaine dernière, La Presse a rapporté que les militants libéraux d'Outremont se mobilisaient pour faire désigner Martin Cauchon comme candidat aux prochaines élections. «Je peux vous annoncer que, dans la circonscription d'Outremont, c'est réglé. Nous aurons une candidate et j'aurai l'occasion de vous la présenter officiellement», avait répliqué M. Coderre.