Immigrer au Canada deviendra plus facile pour les habitants de Kandahar qui travaillent en soutien aux forces armées canadiennes en Afghanistan.

Le gouvernement conservateur remplit une promesse faite l'an dernier en ouvrant la porte aux Afghans dont la vie serait menacée, notamment parce qu'ils travaillent pour le gouvernement canadien. Le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, en a fait l'annonce, hier, au moment où un nouveau rapport indique que le climat de sécurité continue de se détériorer dans le pays en guerre contre les insurgés talibans.«La situation sécuritaire n'est pas bonne en Afghanistan», a concédé mercredi le président du comité ministériel sur l'Afghanistan, Stockwell Day, en présentant son cinquième rapport trimestriel sur l'engagement canadien sur le terrain.

Entre le 1er avril et le 30 juin 2009, les incidents impliquant des engins explosifs improvisés ont augmenté de 108 % par rapport à l'année précédente. Les attaques des insurgés ont été plus nombreuses, en mai et en juin, qu'à n'importe quel moment depuis la chute du régime taliban en 2001, note le rapport trimestriel.

L'insécurité est telle que la moitié des écoles de la province de Kandahar sont restées fermées au printemps dernier, privant les enfants d'une éducation cruciale pour le développement du pays. Alors que le Canada s'est donné comme objectif de construire, agrandir ou remettre en état 50 écoles dans la région d'ici 2011, seulement cinq projets ont été achevés depuis 2008.

Le Canada a par ailleurs perdu 130 soldats depuis le début du conflit. Le dernier en date, le soldat Patrick Lormand, âgé de 21 ans, a été tué dimanche dernier dans l'explosion d'une bombe artisanale.

Immigration

Le nouveau programme d'immigration simplifiée vient notamment reconnaître le travail de nombreux Afghans qui collaborent avec les troupes de l'OTAN, parfois au péril de leur vie.

La mesure spéciale sera mise en place dès octobre, assure le gouvernement, et se terminera en 2011, en même temps que la mission militaire canadienne. Quelques centaines de Kandaharis tout au plus seraient susceptibles de répondre aux critères et ainsi pouvoir immigrer au pays a estimé le ministre Kenney.

«Les hommes et les femmes qui seront admissibles doivent avoir travaillé pendant au moins 12 mois en soutien à la mission canadienne à Kandahar et doivent démontrer qu'ils font face à un risque accru d'être tué ou blessé par les insurgés parce qu'ils travaillent pour le Canada», a expliqué le ministre, ajoutant que les Afghans blessés en devoir et la famille de ceux qui ont été tués alors qu'ils étaient au service du gouvernement canadien pourront se qualifier pour le programme. Une fois au Canada, les ressortissants afghans auront les mêmes droits que les réfugiés admis au pays.

Trop tard, mais...

Selon le critique du Parti libéral en matière de défense nationale, Denis Coderre, l'annonce en grande pompe de ce programme envoie un mauvais message.

«Non seulement on augmente le risque, mais on vient de les cibler, a dit M. Coderre. Je pense qu'il faut faire bien attention. Ces gens sont devenus des cibles et il faut les protéger. Mais en voulant les protéger, on en fait davantage des cibles.»

Pour Olivia Chow, députée néo-démocrate, le gouvernement aurait dû agir depuis longtemps. «Ça arrive très tard, mais c'est mieux que rien», a-t-elle déclaré, rappelant que de nombreux pays présents en Afghanistan ont déjà des programmes de protection des employés locaux, dont les États-Unis et l'Australie.

L'annonce de la mise en place d'une telle mesure au Canada survient à la veille d'une rencontre entre le premier ministre Stephen Harper et le président américain Barack Obama, à Washington, où il pourrait être question du retrait des troupes canadiennes d'Afghanistan, prévu pour 2011.