Michael Ignatieff souhaite se poser en champion des questions internationales pour une éventuelle campagne électorale et promet que le Canada retrouvera sa place dans le monde sous un gouvernement libéral.

Le chef libéral a profité d'un discours livré devant le Canadian Club à Ottawa au tout premier jour de la reprise des travaux parlementaires pour plaider en faveur d'un renforcement du rôle du pays sur la scène internationale. Selon lui, les conservateurs n'ont traité des questions de politique étrangère ces dernières années que si cela pouvait leur faire gagner des points auprès de l'électorat canadien, une position qui a miné la place du pays sur l'échiquier mondial.

«Par le passé, il y avait un consensus entre les partis sur le rôle du Canada dans le monde. Malheureusement, mes amis, ce consensus s'est envolé. Pour le gouvernement conservateur de Stephen Harper, la scène internationale n'existe que pour scorer des points sur la scène domestique  (sic)», a-t-il lancé.

Alors qu'une campagne électorale pour les partis fédéraux s'avère pratiquement inévitable cet automne, les libéraux comptent notamment faire valoir l'expérience à l'étranger de leur chef, une réplique aux publicités conservatrices insinuant que Michael Ignatieff n'est au pays que de passage, après avoir passé une trentaine d'années à l'étranger.

«Plutôt que de déplorer ces faits, plutôt que d'insinuer que quelqu'un qui a vécu outre-mer est en quelque sorte moins Canadien, nous devrions célébrer tous nous citoyens», a soutenu le leader libéral, tentant ainsi de faire vibrer une corde sensible de l'électorat issu de l'immigration.

Le vote des nouveaux arrivants, traditionnellement plus enclins à voter pour le Parti libéral du Canada (PLC), a été largement courtisé par les conservateurs lors de la dernière campagne électorale, qui y voyaient un moyen de gagner des sièges dans les milieux urbains.

Promesses libérales

S'il parvenait à devenir premier ministre à l'issue d'élections générales, M. Ignatieff rétablirait l'aide à l'Afrique, créerait un Secrétariat de la paix, de l'ordre et de la bonne gouvernance et tendrait la main à la Chine et l'Inde, a-t-il assuré lundi.

Il militerait par ailleurs pour agrandir le G-8 à un G-20 incluant les pays émergents et voudrait que le secrétariat permanent de cette nouvelle organisation soit basé au Canada.

Sur le plan de l'économie, M. Ignatieff a également assuré qu'il remettrait sur pied le défunt programme de promotion des entreprises canadiennes à l'étranger, Equipe commerce Canada, et ferait en sorte que le pays soit au centre des des discussions pour repenser le système financier dans le monde.

Car selon M. Ignatieff, le pays n'est plus que l'ombre de ce qu'il a été par le passé.

Autrefois reconnu comme architecte des institutions internationales comme l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ou le Fonds monétaire international (FMI), pour ses casques bleus et son engagement dans les missions de maintien de la paix, sa crédibilité est fortement affaiblie par le gouvernement conservateur, croit-il.

Du côté du Parti conservateur cependant, on a noté que dans un discours livré en 2005, M. Ignatieff avait pourtant minimisé l'importance des casques bleus et soutenu que ceux qui voulaient faire bouger les choses pour les droits de la personne devaient plutôt se tourner vers les Etats-Unis.

Par ailleurs, lors de son discours, M. Ignatieff a évoqué la mémoire de son père, George Ignatieff, un ancien diplomate canadien qui a notamment été ambassadeur aux Nations unies et siégé à son Conseil de sécurité.

«Quand les gens me posent la question «pourquoi vous êtes entré en politique, M. Ignatieff», la réponse est simple: je suis le fils de mon père», a expliqué le chef libéral.

«Je suis le fils de quelqu'un qui a toujours cru que le Canada avait un énorme rôle de leadership à jouer dans le monde.»