Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, persiste et signe: si le budget que présentera le gouvernement Harper la semaine prochaine ne respecte pas au moins trois conditions, il demandera à ses troupes de voter contre.

Et si le gouvernement est défait sur le budget, le chef libéral se dit prêt à prendre la relève avec l'aide du NPD et le soutien du Bloc québécois ou à partir en campagne électorale, selon ce que décidera la gouverneure générale, Michaëlle Jean.

 

«Si le budget n'est pas à la hauteur de la crise que nous affrontons tous, nous devons voter contre. Le test de ce budget est très simple. Je l'ai dit partout au pays. Il y a trois tests. Est-ce que ce budget va protéger les vulnérables? Est-ce que ce budget va protéger nos emplois? Et, plus important encore: est-ce que ce budget va créer les emplois de demain?» a lancé le chef libéral au début d'une réunion de deux jours de son caucus en prévision de la rentrée parlementaire de lundi prochain.

Dans les derniers jours, M. Ignatieff a aussi affirmé que son parti voterait contre le budget s'il contenait des baisses d'impôt généralisées (sauf pour les moins nantis), notamment pour la classe moyenne, comme l'a laissé entendre le premier ministre à plus d'une reprise la semaine dernière. «J'ai peur que des baisses d'impôt généralisées (...) entraînent un déficit duquel on ne pourrait pas sortir», a-t-il affirmé notamment dans une entrevue au quotidien Le Devoir. Or, M. Ignatieff n'a pas abordé cette question hier devant ses troupes.

Le ministre des Finances, Jim Flaherty, doit présenter son budget le mardi 27 janvier. Il est censé contenir un train de mesures évaluées à 30 milliards de dollars pour relancer l'économie canadienne, soutenir les travailleurs et les chômeurs et aider les entreprises en difficulté.

Ce budget renouera avec l'encre rouge pour la première fois depuis 12 ans. Le déficit pourrait atteindre les 40 milliards, ce qui aurait comme résultat d'effacer les efforts des quatre dernières années pour rembourser la dette accumulée, qui s'élève aujourd'hui à 457 milliards de dollars.

Mauvaise gestion

Devant ses troupes, qui l'ont longuement applaudi à plusieurs reprises, Michael Ignatieff a soutenu que cet imposant déficit sera d'abord et avant tout le résultat de la mauvaise gestion des conservateurs, lesquels, depuis leur arrivée au pouvoir, en février 2006, ont selon lui trop dépensé et trop réduit les impôts.

«La semaine prochaine, Stephen Harper va présenter son budget. Après une décennie de surplus libéral, où sommes-nous? Nous sommes confrontés à un déficit prévu de 40 milliards de dollars. Ce déficit est uniquement la faute de M. Harper. Il a dépensé sans compter durant les années de vaches grasses. Et nous devons affronter des années de vaches maigres les coffres vides. C'est sa responsabilité, certainement pas la nôtre», a affirmé M. Ignatieff.

Le chef libéral a aussi soutenu que le premier ministre n'a pas dit la vérité aux Canadiens au sujet de l'ampleur de la crise qui secoue l'économie canadienne et toute la planète: «M. Harper disait qu'il n'y avait pas de récession. Dans son énoncé économique de l'automne, il a prédit un surplus fédéral. Douze jours plus tard, la Banque du Canada a annoncé que nous étions bel et bien dans une récession. Les Canadiens ont besoin de savoir la vérité sur la situation économique.»

Prêts pour une campagne

Il a conclu son discours en affirmant que le Parti libéral sera prêt, quelle que soit l'issue du vote de confiance sur le budget. M. Ignatieff a d'ailleurs dévoilé en fin de semaine le nom de quatre coprésidents nationaux qui prépareront la prochaine campagne électorale. Il s'agit de l'ancienne ministre Anne McLellan, de l'ex-député Rémi Bujold, du sénateur David Smith et de l'ancienne vice-première ministre du Nouveau-Brunswick Marcelle Mersereau.

«Les Canadiens nous disent d'être prêts à offrir une solution de rechange intelligente au gouvernement Harper quand le temps viendra, que ce soit maintenant ou plus tard. Nous ne pouvons pas échouer et nous n'allons pas échouer», a-t-il promis.

Le caucus libéral se poursuit aujourd'hui. Les deux principaux sujets à l'ordre du jour sont l'économie et l'avenir de la coalition PLC-NPD-Bloc.