(Ottawa) Le coût de la vie est si élevé au Canada que des gens s’exilent vers des contrées qu’ils fuyaient autrefois, s’est offusqué le chef conservateur Pierre Poilievre – un constat qui a inspiré au libéral Pablo Rodriguez des propos narquois.

L’histoire d’une citoyenne canadienne qui dit avoir choisi d’aller s’installer dans le pays d’Amérique centrale parce qu’incapable de se payer une maison plus spacieuse au Canada semble avoir interpellé le dirigeant de l’opposition officielle.

Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux ayant généré des centaines de milliers de visionnements, Pierre Poilievre donne la parole à cette femme qui affirme avoir plié bagage à destination du Nicaragua en 2022.

« C’est fou », s’exclame le chef du Parti conservateur en dirigeant son regard vers la caméra.

« Une famille du Cap-Breton, une famille de pêcheurs, ne peut se permettre de vivre ici et doit déménager au Nicaragua […] Jadis, les gens fuyaient des pays comme le Nicaragua pour venir au Canada, mais maintenant, les gens fuient le Canada pour aller au Nicaragua », enchaîne-t-il.

L’un des ministres de ce gouvernement, Pablo Rodriguez, a tourné cette analyse en dérision.

« Je pense qu’il n’a aucune idée de ce qu’est le Nicaragua et qu’il n’y a jamais mis les pieds. Ça paraît », a-t-il raillé en mêlée de presse après la réunion hebdomadaire du caucus libéral, mercredi.

« Croyez-moi, je connais le Nicaragua », a conclu le ministre des Transports.

« C’est d’un ridicule… », a renchéri son collègue François-Philippe Champagne

« Honnêtement, le Canada fait l’envie du monde. Nous attirons le talent. Les gens n’arrêtent pas de venir. Les gens viennent ici pour étudier. Les gens viennent vivre ici », a-t-il enchaîné, en reprochant à Pierre Poilievre d’entacher la réputation du Canada avec « ce type de rhétorique ».

Le Nicaragua est dirigé d’une main de fer par le président Daniel Ortega depuis 2007.

Sa réélection, en 2021, a été contestée par de nombreux pays, y compris le Canada.

La ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly avait d’ailleurs balayé les résultats du scrutin du revers de la main, estimant qu’ils ne reflétaient pas « la volonté du peuple nicaraguayen ».

Le gouvernement canadien conseille aux voyageurs de faire preuve « d’une grande prudence » au pays, citant la situation politique, le risque de troubles civils et la criminalité.