(Ottawa) Libéraux, bloquistes et néo-démocrates ont rejeté mardi une motion du chef conservateur Pierre Poilievre visant à ce qu’Ottawa refuse toute demande future de décriminalisation de possession simple de drogues.

L’opposition officielle a été la seule formation politique à appuyer l’initiative, qui a donc été battue à la majorité.

La motion faisait référence à des municipalités, comme Montréal, qui se sont prononcées en faveur de l’approche de décriminalisation. Celle-ci revient à éviter un dossier et des sanctions criminels à des personnes trouvées en présence de petites quantités de drogues pour leur usage personnel, à l’instar de ce que la Colombie-Britannique avait commencé à faire.

Les conservateurs, dans le texte qu’ils ont soumis sur le plancher de la Chambre des communes, mentionnent toutefois des demandes « pour que le gouvernement fédéral rende légales des drogues dures mortelles ».

En fait, aucun appel à la légalisation de toutes les drogues n’a été formulé par les municipalités et les provinces auprès du gouvernement de Justin Trudeau, lequel a légalisé en 2018 le cannabis. Dans ce cas-ci, un marché licite et réglementé de vente et de distribution de marijuana a vu le jour.

Le choix des mots des conservateurs a amené le cabinet de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, à reprocher, il y a deux semaines, à M. Poilievre de véhiculer « de fausses affirmations ».

Appelé, à ce moment-là, à réagir, le bureau du chef conservateur a répondu que « la mairesse de Montréal a confirmé son désir de légaliser les drogues dures ».

Dès 2021, les élus montréalais ont adopté une motion pour demander à Ottawa de permettre la décriminalisation de la possession simple. Mme Plante avait voté en faveur et elle a, depuis, réitéré plusieurs fois son appui à l’approche.

Or, aucune démarche n’a ensuite été faite auprès de Santé Canada, qui doit, pour que la décriminalisation devienne réalité, accorder une exemption à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances.

L’attachée de presse de Mme Plante, Catherine Cadotte, a déclaré que « les conditions ne sont pas réunies à Montréal ».

« Avant de changer les lois, c’est essentiel de fournir aux villes plus de ressources en logements, en santé mentale, en toxicomanie et en intervention sociale », a-t-elle poursuivi dans une déclaration écrite.

Il n’est pas clair ce qu’il adviendrait d’une demande formelle venant de Montréal – si elle se concrétisait un jour – puisque M. Trudeau a clairement dit vouloir travailler avec les ordres de gouvernement provinciaux à ce chapitre.

« Quand Vancouver nous a demandé une exemption, nous avons dit ’’Non, nous voulons collaborer uniquement avec la province dans ce dossier’’. […] La même chose [prévaudra] en ce qui concerne l’Ontario ou le Québec », a-t-il affirmé au début du mois.

Depuis, Ottawa a rejeté une requête de la Ville de Toronto en invoquant des préoccupations concernant la sécurité publique.

Quand Ottawa a accordé son exemption à la Colombie-Britannique, au printemps 2022, le gouvernement de François Legault a signalé que la décriminalisation n’était pas dans ses cartons.

Il ne fait aucun doute aux yeux des conservateurs que l’exemption accordée par le gouvernement Trudeau à la Colombie-Britannique « s’est traduite par la mort et la destruction, le chaos et le carnage dans les hôpitaux, les terrains de jeux, les parcs et les transports publics », a récemment affirmé une porte-parole M. Poilievre, Marion Ringuette.