(Québec) Le Parti québécois demande la démission de l’ancien whip caquiste Eric Lefebvre, qui siège maintenant comme indépendant à l’Assemblée nationale en attendant de se présenter pour le Parti conservateur du Canada. M. Lefebvre réplique qu’il va siéger à Québec jusqu’au déclenchement de la prochaine élection fédérale, puis défend son éthique et son intégrité.

« Dès maintenant, quittez. C’est la chose à faire », a lancé mardi le député péquiste Pascal Bérubé. Le raisonnement qu’il met de l’avant est le suivant : le déclenchement d’une élection partielle dans la circonscription d’Arthabaska est inévitable, puisqu’Éric Lefebvre devra nécessairement démissionner lors du déclenchement de l’élection fédérale, qui aura lieu avant les élections générales québécoises de 2026.

« Que [le député indépendant fédéral] Alain Rayes démissionne prochainement, ou qu’il y ait une élection fédérale certainement avant les élections québécoises, c’est acquis qu’il y a une partielle, elle coûtera 600 000 $. Il y aura une partielle assurément dans Arthabaska », a dit M. Bérubé.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, ARCHIVES LA PRESSE

Pascal Bérubé

Il croit qu’on ne peut pas « se consacrer totalement à son rôle de député si on est engagé dans une campagne à promouvoir quelque chose de complètement différent au plan fédéral ».

Dans une première mêlée de presse au parlement depuis l’annonce de sa démission du caucus de la CAQ, M. Lefebvre a défendu son sens de l’éthique, martelant qu’il respecte « toutes les règles ».

« À partir du moment où ma décision a été prise, c’était important pour moi, au niveau de la transparence, au niveau de l’éthique, de justement donner ma démission au premier ministre pour éviter toutes formes de conflits d’intérêts », a-t-il dit.

Le député d’Arthabaska a poursuivi qu’il ne comptait pas démissionner d’ici à l’élection fédérale et qu’il pourra, comme député indépendant, poursuivre son travail pour les citoyens de sa circonscription.

« Tout ce que j’ai voulu faire, c’est d’être le plus transparent possible avec la population pour ne pas avoir de l’information privilégiée en siégeant au conseil des ministres », a-t-il dit, précisant que le premier ministre ne lui a pas non plus suggéré de démissionner de son rôle de député.

Montage vidéo

En point de presse, mardi, Pascal Bérubé a également souligné que François Legault avait lui-même demandé que la députée péquiste Martine Ouellet quitte son poste lorsqu’elle est devenue chef du Bloc québécois. Il a d’ailleurs précisé qu’il n’avait pas directement demandé à Mme Ouellet de quitter son poste à ce moment.

Sur les médias sociaux, il a partagé une publication de l’ancien chef du Parti québécois Jean-François Lisée sur X, qui partage lui-même un montage d’un point de presse de M. Legault datant de 2017.

En 2017, M. Legault déclarait en point de presse que Mme Ouellet devait faire un choix entre « l’Assemblée nationale ou être chef du Bloc québécois ». « On ne peut pas mélanger les deux parlements, les deux postes qu’elle convoite. Donc, elle devra choisir », disait-il à ce moment.

La vidéo ne présente toutefois pas les passages ou M. Legault fait un lien direct avec le rôle de Mme Ouellet comme chef du Bloc. Qu’est-ce qui empêche Martine Ouellet de siéger ici, si elle défend les intérêts de ses électeurs ? demandait un journaliste. « Ce n’est pas de ça qu’on parle, là. On parle de quelqu’un qui veut être le chef d’un parti à Ottawa. Donc, c’est comme deux responsabilités qui ne sont pas, à mon avis, conciliables », disait-il.

Le chef parlementaire de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois a été moins direct, mais il demande à M. Lefebvre d’entreprendre une « réflexion ». « Si j’étais lui, je me poserais des questions. Les gens de cette circonscription-là ont le droit d’être représentés à l’Assemblée nationale du Québec par un député qui fait son travail de député, et c’est pour ça qu’il est payé. Il y a des réflexions qui s’imposent dans son cas », a-t-il dit.

« Les électrices de cette circonscription-là ont le droit d’être représentées, ils méritent un député à temps plein. J’invite M. Lefebvre à réfléchir », a-t-il ajouté.

Du côté du Parti libéral, le député Monsef Derraji estime que M. Lefebvre peut continuer de bien faire son travail de député comme élu indépendant.