(Victoriaville) Le chef conservateur, Pierre Poilievre, a présenté son nouveau candidat dans Richmond-Arthabaska lors d’un rassemblement partisan à Victoriaville, dimanche. Eric Lefebvre, qui se dit « conservateur fédéral depuis 20 ans », estime que les gens ne devraient pas s’étonner de le voir passer de la Coalition avenir Québec (CAQ) au Parti conservateur du Canada (PCC).

« On a tous un objectif commun. L’objectif commun qu’on a, c’est sortir Justin Trudeau d’Ottawa », a affirmé M. Lefebvre devant la foule, déclenchant une salve d’applaudissements parmi les quelques centaines de personnes rassemblées au Centre des congrès de Victoriaville.

Celui qui était whip en chef du gouvernement de François Legault essuie les critiques depuis l’annonce de son départ du caucus de la CAQ, mardi. Il continuera de siéger à l’Assemblée nationale comme député indépendant jusqu’à ce qu’il ait une chance de se faire élire au fédéral.

« C’est un concours de circonstances, s’est-il défendu. J’ai été élu en 2016 avec la Coalition avenir Québec et je suis très fier de mon passage à la Coalition avenir Québec. Là, il y a une opportunité de pouvoir aider Pierre Poilievre à sortir Justin Trudeau d’Ottawa pour que le Parti conservateur, qui est ma famille politique depuis les 20 dernières années, puisse reprendre le pouvoir et retrouver le gros bon sens. »

« Ça prend des gens pour aller changer la donne »

Eric Lefebvre a été candidat conservateur sur la scène fédérale en 2008 avant d’être nommé adjoint principal du ministre Denis Lebel, qui détenait alors le portefeuille du Développement économique.

« Le Québec non respecté comme il l’est par le gouvernement actuel, ça prend des gens pour aller changer la donne », a affirmé l’ex-ministre venu appuyer son ami.

Ce n’est pas quelqu’un qui s’improvise conservateur. Il l’a déjà démontré à l’époque quand il a voulu être candidat la première fois et qu’il a travaillé avec nous, donc c’est quelqu’un de la famille.

Pierre Paul-Hus, député et lieutenant québécois du PCC

Reste que sa décision a tout de même étonné dans sa circonscription. « Surpris, oui, parce qu’on le pensait bien établi à la CAQ, mais on n’est pas au courant de tout ce qui se passe », a affirmé Steeve Brûlé, rencontré alors qu’il faisait la file pour prendre une photo avec Pierre Poilievre.

« Il y a sûrement des choses qui ont motivé sa décision qu’on saura peut-être un jour, mais c’est sûr que de le voir dans les conservateurs, je suis très content de ça », a-t-il ajouté.

De nombreux sympathisants conservateurs s’étaient déplacés pour voir le chef Pierre Poilievre, et certains n’avaient pas hésité à faire plusieurs heures de route, comme Milish Joseph, un jeune professionnel de Montréal.

PHOTO MYLÈNE CRÊTE, LA PRESSE

Le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, discutant avec des militants, dimanche à Victoriaville

« Je veux savoir s’il peut renverser les politiques dispendieuses que Justin Trudeau a mises en place », a-t-il expliqué.

« Je pense que c’est le temps pour un changement à Ottawa et je pense que c’est lui qui va être un meilleur premier ministre que Trudeau », a indiqué à son tour Esther MacDonald, de Lennoxville.

Ils ont écouté le message du « gros bon sens » de Pierre Poilievre. Il s’en est pris aux dépenses du gouvernement libéral à Ottawa, avec quelques attaques bien senties contre le Bloc québécois.

Justin Trudeau et Yves-François Blanchet n’en valent pas le coût.

Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur du Canada

« M. Trudeau a doublé notre dette nationale, il a causé la pire inflation en 40 ans, il a doublé le coût du logement après avoir promis de gros programmes gouvernementaux pour rendre le logement abordable. »

« Comment ça se fait que Trudeau a pu dépenser comme ça ? Il n’a pas une majorité », a ajouté le chef conservateur. Il s’est ensuite attaqué au Bloc québécois en l’accusant d’avoir « voté pour 500 milliards de dépenses discrétionnaires, centralisatrices et inflationnistes » du gouvernement libéral.

Une lutte à trois au Québec ?

Les conservateurs ont plusieurs circonscriptions bloquistes dans leur ligne de mire en vue de la prochaine campagne électorale fédérale, notamment dans la grande région de Québec. Mais si le parti a la faveur populaire depuis des mois un peu partout au pays, le Québec risque plutôt d’être le théâtre d’une lutte à trois.

Eric Lefebvre a déjà mordu la poussière en 2008 contre le candidat bloquiste André Bellavance par près de 9000 votes. Cette fois, il a confiance. « Les gens, ici en région, souvent votent pour l’homme. Les gens sont prêts à me suivre », a-t-il dit.

S’il s’est attaqué à l’ampleur de la dette sous le gouvernement Trudeau, il n’a pas voulu critiquer le déficit de 11 milliards du gouvernement Legault à Québec, dont il faisait partie jusqu’à tout récemment.

« Il y a des choix qui ont été faits du côté du gouvernement provincial et je ne serai pas là pour jouer à la belle-mère », a-t-il répondu à la question d’un journaliste.

M. Lefebvre a été élu pour la CAQ en 2016 dans la circonscription provinciale d’Arthabaska lors d’une élection partielle, puis a été réélu en 2018 et en 2022.