(Québec) Déplorant des « incohérences » dans la présentation du tableau de bord et une « révision discutable » de certains indicateurs, le Parti québécois (PQ) demande à l’Assemblée nationale d’examiner la « gestion et la transparence » des données en santé.

« Le gouvernement, dans son tableau de bord, embellit la réalité de façon claire », accuse le porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de santé, Joël Arseneau.

Le Parti québécois a chargé son équipe de recherche d’analyser les données présentées dans le tableau de bord lancé par le ministre Christian Dubé en mai 2022, les récents rapports annuels de gestion et les plans stratégiques du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).

L’analyse a permis de « démontrer des incohérences » entre les différents plans stratégiques, comme « des changements d’indicateurs, une révision questionnable de certaines cibles, en plus de modifications troublantes à la présentation des données dans le tableau de bord », selon M. Arseneau.

Il demande que l’Assemblée nationale se penche sur la question en confiant à la Commission de la santé et des services sociaux – une commission parlementaire – un mandat d’initiative sur « la gestion et la transparence des données sur la performance du réseau de la santé ».

Le député souhaite entendre le ministre de la Santé, Christian Dubé, ses collègues Lionel Carmant (Services sociaux) et Sonia Bélanger (Aînés), le sous-ministre de la santé, Daniel Paré, et d’autres « experts indépendants en matière de gouvernance, d’analyse et de publication de données ».

Accès et première ligne

M. Arseneau déplore la modification des cibles pour le temps d’attente d’une prise en charge aux urgences et la durée moyenne de séjour sur civière (DMS). Le gouvernement Legault a repoussé à un troisième mandat son engagement électoral de 2018 d’être pris en charge aux urgences dans un délai de 90 minutes. La cible de 14 heures sur civière a aussi été reportée à 2026-2027.

Dans le tableau de bord, la tendance est au vert pour le DMS, mais cela ne tient pas compte de cette modification, dénonce le député. Il note également que les cibles à atteindre ne se trouvent plus dans la page des faits saillants du tableau de bord, mais plutôt sous les onglets de chaque secteur.

La situation ne s’est pas améliorée et, dans certains cas, elle s’est même détériorée, et pourtant, les voyants rouges se sont transformés en voyants verts.

Joël Arseneau, député du Parti québécois

M. Arseneau souligne également que le gouvernement Legault mesurait avant l’implantation du Guichet d’accès à la première ligne (GAP) la population ayant accès à un médecin de famille.

La cible dans le plan stratégique de 2019-2023 du MSSS visait effectivement le nombre de Québécois inscrits à un médecin de famille, tandis que dans le plan suivant, on mesure plutôt le pourcentage de personnes affectées à un « professionnel ou à une équipe de soins de première ligne » en conservant la même mesure de départ.

« Si on change les indicateurs, on ne peut plus comparer des pommes avec des oranges, comme le dit si bien le premier ministre, et ça devient impossible de juger de la performance du réseau et du gouvernement par rapport aux gouvernements précédents », plaide-t-il.

À la lumière de son analyse, le Parti québécois se demande « plus fondamentalement » si « le Ministère est le mieux placé pour évaluer sa performance ». Des questions que l’Assemblée nationale pourrait explorer en commission parlementaire, croit-il. Selon lui, l’analyse de la performance du réseau devrait plutôt être confiée à un « tiers neutre » comme la commissaire à la santé et au bien-être.