(Ottawa) Les gens se « foutent-ils » des querelles entre Ottawa et les provinces sur les champs de compétence, comme l’a avancé Justin Trudeau en annonçant une nouvelle mesure sur le logement ? Le chef bloquiste Yves-François Blanchet ne le nie pas. Mais cela ne justifie pas pour autant qu’Ottawa joue dans les plates-bandes du Québec, juge-t-il.

« Les citoyens s’en foutent de quel ordre de gouvernement est responsable de quoi. Ils veulent juste que leur loyer soit abordable, que leur épicerie ne coûte pas trop cher, que leurs enfants soient en bonne situation pour pouvoir réussir », a avancé le premier ministre Trudeau, jeudi.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, est d’accord avec cette analyse : « Il a raison. Moi, quand je vais chez le dentiste, je ne comprends pas tout ce qu’il fait. Les gens qui sont mécaniciens ou entrepreneurs forestiers, ils ne s’intéressent pas aux détails de la Constitution ou des crédits budgétaires ».

« Les gens vont dire : “Si c’est un chèque, je vais le prendre” », poursuit-il en entrevue téléphonique, tout en émettant l’hypothèse que les électeurs québécois ne s’en fichent pas forcément, car ils « ont un attachement à la nation québécoise ».

Et selon lui, « l’impopularité actuelle du gouvernement du Québec » donne à Justin Trudeau l’opportunité de « marcher sur les compétences du Québec », car « quand le gouvernement de [François Legault] caracolait avec des 60 % de satisfaction, jamais M. Trudeau n’aurait osé faire ça ».

En faisant « ça », le premier ministre viole la Constitution, juge-t-il : « C’est extraordinairement cynique. Les deux mots clés, c’est déséquilibre fiscal. Il [Justin Trudeau] dit : « J’ai deux fois plus d’argent que vous autres, les citoyens ne comprennent pas tant que ça les nuances des juridictions, alors je vais entretenir la confusion ».

Le Bloc québécois votera, dit-il, contre toute intrusion dans les champs de compétence du Québec. Ainsi, nul besoin d’attendre le dépôt officiel de l’exercice financier du 16 avril prochain pour se faire une tête. Son parti en a assez vu depuis le début du blitz prébudgétaire libéral.

« Ça, c’est clair, on va voter contre ce budget-là, qui est construit sur le dos du Québec », tranche-t-il.

Le gouvernement libéral minoritaire n’a pas besoin de l’appui des bloquistes ou des conservateurs pour rester au pouvoir. L’entente de soutien et de confiance scellée il y a un peu plus de deux ans avec le Nouveau Parti démocratique assure leur survie.