(Québec) Tout le monde a une opinion sur la période des questions, l’évènement politique le plus suivi des Québécois, souvent critiqué pour la partisanerie qui teinte les échanges. Mais qu’en pensent des élèves du secondaire, qui apprennent les rudiments des débats à l’école ?

Ariane Lussier-Frédérick et Anthony Daigle, 17 ans, de même qu’Henri Lacoste, 15 ans, acceptent d’assister à la période des questions et de faire part bien humblement de leurs observations. Les trois élèves étudient à l’école secondaire publique La Camaradière, dans le quartier Duberger – Les Saules, à Québec. En ce doux jeudi matin du 14 mars, ils mettent les pieds pour la première fois au parlement, et ils sont fébriles.

Ariane termine cette année le secondaire et espère être admise dans un programme de langues au cégep.

C’est impressionnant et stressant un peu. Il y a du monde partout, avec les journalistes et les caméras. Tout le monde écoute vraiment ce qui se passe. C’est une ambiance imposante.

Ariane

Anthony, qui se prépare pour sa part à franchir les prochaines étapes pour être accepté en techniques policières, admet ressentir une petite nervosité. « C’est même pas moi qui vais argumenter et je me sens stressé ! », dit-il en riant.

En traversant la cour intérieure menant à l’hôtel du Parlement, ils rencontrent par hasard la présidente de l’Assemblée nationale, la députée caquiste Nathalie Roy, qui les salue chaleureusement. Agréablement surprise de les voir s’intéresser à la politique, elle admet toutefois, mea culpa, que la période des questions prend parfois des airs de « chicane ». C’est justement ce qu’ils viennent évaluer.

Le poids du décorum

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Anthony Daigle, Ariane Lussier-Frédérick et Henri Lacoste

À l’intérieur de l’édifice patrimonial plus que centenaire, les élèves montent les vieux escaliers en bois, traversent les corridors ornés de portraits officiels et entrent dans le Salon bleu, où ils s’installent en ayant une vue en plongée sur les élus, qui se préparent pour la période des questions.

Henri, le plus aguerri des trois en politique, président de son année scolaire et futur président (espère-t-il) de son école l’an prochain, est frappé par le décorum et le respect des traditions qui empreignent les lieux.

Tout est vraiment droit, classé. Ça se voit qu’il y a vraiment beaucoup de traditions. Le protocole, c’est rigide. Ça se sent même du balcon. Les [pages] saluent toujours la présidente, même quand ils font juste servir des verres d’eau !

Henri

« Ce n’est pas tous les jours que tu vois un décor comme celui-là. Dans le Salon bleu, il y a plein de monde, mais tu te sens vraiment petit », ajoute Anthony.

Qu’est-ce qu’un bon débatteur ?

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Anthony Daigle, Ariane Lussier-Frédérick et Henri Lacoste

Avant que les échanges commencent, on leur demande ce qui fait selon eux un bon débatteur, alors qu’ils assisteront pour la première fois à une joute oratoire démocratique qui sera, espèrent-ils, de haut niveau.

« Un bon débatteur, c’est quelqu’un qui écoute, et un bon débat, ça répond à une question. Sinon, on fait juste se gueuler après, mais on ne trouve pas de solution », dit Henri.

« S’ils ne s’écoutent pas, ils répètent les mêmes affaires et ça n’avance pas », prévient Ariane.

Dans un débat, il faut respecter son adversaire et vouloir faire vraiment avancer les choses, plutôt que de bloquer sur son idée.

Anthony

Un bruit retentit dans la salle. « Madame la présidente. » Le silence tombe, comme lorsque le rideau s’ouvre au théâtre. Ça commence.

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Les trois élèves observent le début de la période de questions.