(Québec) D’un commun accord avec l’opposition, le gouvernement Legault déposera dans les prochaines semaines un projet de loi pour mettre fin au processus actuel de révision de la carte électorale, qui devait être modifiée pour la prochaine élection, et repousse au scrutin de 2030 le redécoupage des circonscriptions du Québec.

Au cours des derniers mois, des députés de l’ensemble des formations politiques représentées à l’Assemblée nationale ont critiqué la proposition d’une nouvelle carte électorale déposée par la Commission de la représentation électorale, qui a le mandat d’appliquer la Loi électorale et de s’assurer que les électeurs québécois soient représentés équitablement au parlement.

Dans la nouvelle carte proposée, qui devait être effective dès l’élection de 2026, la Gaspésie et Montréal perdaient respectivement une circonscription, afin que la carte électorale tienne compte des mouvements de la population sur le territoire. Les régions des Laurentides et du Centre-du-Québec accueillaient chacune une nouvelle circonscription.

Lors des consultations organisées par la Commission ces dernières semaines, les citoyens et les élus ont mis de l’avant que cette proposition baissait le poids politique de la Gaspésie et de l’Est de Montréal. Avec son projet de loi, qui sera déposé dans les prochaines semaines et qui doit être adopté d’ici juin, Québec met fin à l’actuel processus de révision de la carte et entend discuter avec l’opposition, dans un deuxième temps, pour revenir plus tard avec de nouvelles règles qui encadrent le redécoupage de la carte.

Plus d’élus au Salon bleu ?

Or, suspendre la révision de la carte électorale est l’étape la plus facile pour le gouvernement. Les partis ont promis jeudi de collaborer pour s’entendre sur de nouvelles règles et modifier, à terme, la Loi électorale.

En septembre dernier, le premier ministre François Legault indiquait cependant qu’il n’était pas question de revoir le nombre de députés qui siègent au Salon bleu à la hausse.

« On a 125 comtés au Québec, le même nombre qu’en Ontario, pour une population qui est beaucoup plus petite », avait-il soutenu.

M. Legault plaidait alors qu’il fallait trouver un équilibre entre la représentativité des citoyens et des régions.

« Actuellement, si on regarde le comté d’Éric Lefebvre (Arthabaska, dans le Centre-du-Québec), c’est là qu’il y a plus d’électeurs. Un moment donné, les électeurs, faut aussi que le poids de leur vote soit comparable d’une région à l’autre », avait-il affirmé.

Ce jeudi, le ministre responsable des Institutions démocratiques, Jean-François Roberge, a affirmé que la position du gouvernement est désormais que « les portes sont ouvertes » à discuter d’une augmentation du nombre d’élus.

« On a derrière la tête qu’on ne veut pas changer la recette et arriver à la fin avec le même résultat. Si on change les critères, c’est pour arriver à la fin avec un résultat qui est différent », a-t-il dit.

Un débat qui reste à faire

Selon Sol Zanetti de Québec solidaire, « la seule chose qui pourrait vraiment amener une juste représentation, c’est une réforme du mode de scrutin pour aller vers un mode de scrutin à vocation proportionnelle ». Dans son dernier mandat, le gouvernement caquiste a toutefois fermé la porte à cette possibilité, même s’il s’était autrefois engagé à le faire.

Le leader parlementaire de l’opposition officielle, le libéral Monsef Derraji, a pour sa part affirmé que « le statu quo ne tient plus » et qu’il faut revoir la Loi électorale, qui n’a pas été réformée depuis 35 ans.

« C’est le moment pour les parlementaires, pour l’avenir démocratique, pour une meilleure représentativité, de faire les choses correctement », a-t-il dit.

Pascal Bérubé du Parti québécois a pour sa part salué ses compatriotes gaspésiens, qui ont mené une bataille politique au cours des derniers mois afin de préserver l’intégrité de leurs circonscriptions.