(Québec) Le Parti québécois et Québec solidaire ont joint leurs voix à celle du gouvernement Legault pour dénoncer « l’ingérence » de Justin Trudeau, dans les champs de compétences du Québec en matière de logement. Seul le Parti libéral du Québec a fait entendre une note discordante à l’Assemblée nationale.

Les propositions annoncées mercredi par le premier ministre canadien en prévision du budget fédéral ne passent pas à Québec. Mercredi, le gouvernement Legault a offert un refus net à Justin Trudeau, qui déposera des mesures pour améliorer la qualité de vie des locataires.

Le gouvernement fédéral a dit vouloir s’attaquer à la crise du logement en proposant l’instauration d’un bail standard à l’échelle du pays, une charte pour garantir les droits des locataires et des mesures pour l’amélioration de la cote de crédit. « La réponse est simple, c’est non », a rétorqué mercredi le ministre responsable des Relations canadiennes, Jean-François Roberge.

Jeudi, c’était au tour de Québec solidaire et du Parti québécois de dénoncer ce nouvel empiétement dans un champ de compétences provincial. Or, le gouvernement Legault ne doit pas s’en surprendre selon eux.

« M. Trudeau voit bien là que pour ce gouvernement-là, la crise du logement, c’est la dernière des priorités. Il n’est pas niaiseux, il voit une opportunité politique », a lancé le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.

Selon lui, « l’indignation » du gouvernement Legault « est bien mal placée » alors que la Coalition avenir Québec est « responsable » de cette intervention dans le champ de compétences de la province.

C’est un exemple de plus qui vient confirmer que le rapport de force du gouvernement Legault devant Ottawa est « nul », estime le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon.

« Même très affaiblis dans les sondages, Ottawa et Justin Trudeau ne craignent pas les 89 députés de la CAQ », a décoché le leader péquiste. Il accuse M. Trudeau d’avoir lui-même « mis le feu » dans la crise du logement avec ses politiques migratoires qui ont provoqué « un débalancement ».

« Il arrive en sauveur dans les champs de compétence du Québec en disant que lui va trouver des politiques pancanadiennes qui vont améliorer les choses alors que tout ce qu’on lui demande, c’est de cesser de saboter notre planification de l’immigration », a-t-il ajouté.

Selon lui, il faut « le plus rapidement des indépendantistes au pouvoir qu’ils nous sortent […] d’un régime corrosif et irrespectueux du Québec ».

Note discordante

Deux fois plutôt qu’une, le Parti libéral du Québec n’a pas consenti jeudi à des motions déposées par le gouvernement et par le Parti québécois pour dénoncer « l’empiétement » du fédéral dans un champ de compétences des provinces.

En mêlée de presse, les libéraux ont indiqué vouloir prendre connaissance « des détails » entourant les propositions de Justin Trudeau avant de crier à l’ingérence dans les compétences de la province.

« Je veux connaître les détails de ce qui sera proposé avant d’affirmer ça à 100 % parce que ce qui touche le Code civil par exemple, c’est 100 % clair que pour ça il y a une ingérence », a expliqué la porte-parole libérale en matière d’habitation, Virginie Dufour.

Elle a cité notamment la proposition sur la cote de crédit. « Dans les faits, c’est fédéral », a-t-elle rappelé.

Espoir pour la « loi Françoise David »

Par ailleurs Québec solidaire garde « espoir » que François Legault permette l’adoption du projet de loi visant l’élargissement de « la loi Françoise David », qui stipule qu’un aîné de plus de 70 ans avec un revenu très faible et qui habite son logement depuis plus de 10 ans ne puisse être évincé.

Le projet de loi 198 viendrait inclure les aînés de 65 ans et plus. Le gouvernement a accepté d’appeler le texte législatif d’un parti d’opposition – ce qui est peu fréquent – en échange du recours au bâillon pour adopter la réforme de Christian Dubé, en décembre.

Après avoir affronté une tirade de questions de la part des députés solidaires, la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, n’a pas montré de nouveau signe d’ouverture sur le sujet.