(Québec) Tout comme le libéral Marc Tanguay, le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, croit que Jean Charest est un exemple à suivre en matière de relations intergouvernementales.

Le chef conservateur a détaillé en conférence de presse lundi son « Plan Duhaime en immigration » qui comprend des mesures « musclées » pour que le Québec soit plus « autonome ».

Il a salué le fait que M. Charest – cet ancien premier ministre libéral et ex-candidat à la chefferie du Parti conservateur du Canada – avait un intérêt marqué pour les relations Québec-Ottawa.

M. Duhaime a indiqué qu’il ne décelait pas le même intérêt chez l’actuel premier ministre du Québec, François Legault, que le gouvernement fédéral de Justin Trudeau envoie allègrement « paître », selon lui.

« Le gouvernement actuel, en matière de relation fédérale-provinciale, a un bilan qui est plus décevant que celui de ses prédécesseurs, y compris celui du gouvernement de Jean Charest », a-t-il commencé.

« On a un gouvernement qui a beaucoup […] critiqué les autres partis quand ils étaient au pouvoir, mais aujourd’hui, on est obligé de constater que son bilan est encore plus mince que celui qu’il dénonçait.

« Jean Charest avait un intérêt pour le reste du Canada, pour tisser des liens avec les gens un peu plus décentralisateurs, avec des conservateurs comme il l’a déjà été. […] Il avait un intérêt beaucoup plus marqué.

« François Legault, ça ne semble pas beaucoup l’intéresser, en fait », a analysé Éric Duhaime, qui propose de créer une « alliance interprovinciale » forte dans le dossier de l’immigration.

Dans les derniers jours, le chef libéral intérimaire, Marc Tanguay, a affirmé en entrevue avec La Presse Canadienne que M. Legault aurait tout intérêt à s’« inspirer » de Jean Charest dans ses relations avec Ottawa.

Il a vanté les réalisations de M. Charest en rappelant que c’est sous son initiative que le Conseil de la fédération a été créé en 2003.

Ce forum regroupe les premiers ministres des provinces et des territoires et leur permet de faire des revendications communes face au fédéral.

Lors de sa participation à la rencontre estivale du Conseil de la fédération en 2019, M. Legault avait discuté d’immigration économique avec les autres premiers ministres.

Plus récemment, il a écrit à M. Trudeau pour l’enjoindre à freiner l’afflux de demandeurs d’asile ; quatre ministres ont également interpellé Ottawa pour que les demandeurs d’asile soient mieux répartis à travers le pays.

Le gouvernement caquiste affirme que les coûts associés à l’accueil des demandeurs d’asile dépassent maintenant le milliard de dollars et continue de réclamer un remboursement de la part du fédéral.

Jeudi dernier, le ministre fédéral Pablo Rodriguez n’a pas fermé la porte à négocier avec Québec, mais il a reproché au gouvernement Legault de manquer de sensibilité dans ce dossier.

Éric Duhaime a déploré lundi « l’indifférence » du gouvernement Trudeau concernant les demandes « légitimes » du Québec en matière d’immigration. Il estime qu’il est temps de passer à une approche plus musclée.

Le chef conservateur propose cinq mesures :

  • Étudier le dépôt d’une action en justice, avec injonction, contre le gouvernement fédéral pour récupérer l’ensemble des fonds dus et pour le non-respect de ses responsabilités en matière de protection des frontières ;
  • Comme réclamé par Québec solidaire, demander la réouverture de l’Accord Gagnon-Tremblay-McDougall de 1991 pour forcer une négociation immédiate avec le fédéral sur la question de l’immigration ;
  • Envoyer une demande officielle au gouvernement fédéral et aux autres provinces du Canada concernant le rapatriement de l’ensemble des pouvoirs en immigration ;
  • Tisser des liens forts avec les autres provinces sur la question de l’immigration ;
  • Envoyer une délégation non partisane à Ottawa afin d’exiger le rapatriement complet des pouvoirs et le plein contrôle de notre immigration.

« Le gouvernement Legault, seul, qui va quêter à Ottawa, cette stratégie-là est vouée à l’échec. […] Ça ne fonctionne pas. Il faut qu’on se donne un rapport de force », a insisté M. Duhaime.