(Montréal) Alors que le gouvernement du Québec demande au gouvernement fédéral de lui verser 1 milliard pour les demandeurs d’asile, le lieutenant du Québec dans le gouvernement Trudeau, Pablo Rodriguez, l’invite à discuter de ces questions à la bonne table, et non par médias interposés.

Et la ministre québécoise de l’Immigration, Christine Fréchette, lui répond du tac au tac que cette table… n’existe tout simplement pas, justement.

De passage à Montréal mercredi, pour une conférence de presse sur un autre sujet, le ministre Rodriguez a ajouté que même si Québec « parle de sommes dues », lui y voit plutôt « des sommes demandées » au gouvernement fédéral.

« Ça, ça se négocie et ça se discute autour de la table, pas à travers des sorties médiatiques », a répliqué M. Rodriguez au gouvernement de François Legault.

La ministre Fréchette a tenu à lui répliquer prestement, dans une déclaration écrite en fin d’après-midi. « Si le fédéral souhaite négocier à une table, qu’il la convoque ! On est plus que disponible. On a eu plusieurs rencontres à deux ministères, à quatre ministères, peu importe le nombre, le résultat est le même. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

La ministre québécoise de l’Immigration, Christine Fréchette

Mais Ottawa se défend. « Pour l’année en cours, on donne plus de 750 millions, 725 l’année dernière, au-delà de 700 millions à chaque année », a soutenu le ministre fédéral Rodriguez.

La ministre québécoise Fréchette lui répond que cette somme de 700 millions, « c’est pour le financement de l’accord Canada-Québec qui n’a rien à voir avec l’afflux massif de demandeurs d’asile qui pèsent sur les services publics ».

Le gouvernement Legault réclame 1 milliard, arguant que c’est ce que lui a coûté l’accueil des demandeurs d’asile depuis 2021. Le gouvernement québécois se plaint de manquer d’écoute de la part du gouvernement canadien.

« Ils sont entendus. On salue l’effort colossal de Québec. C’est certain que Québec fait au-delà de sa part », a dit le ministre Rodriguez.

« L’heure des discussions avec le Québec, elle est terminée là. C’est l’heure de prendre action de manière urgente », a encore lancé la ministre Fréchette.

« Le gouvernement fédéral est complètement déconnecté. Il faut qu’il réalise la réalité au Québec qui est générée par l’arrivée trop importante de demandeurs d’asile », a ajouté la ministre québécoise.

Et le Bloc

À Ottawa, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, n’a pas apprécié le ton du gouvernement Trudeau, qui ne semble pas comprendre l’urgence de la situation. « Lorsque le gouvernement du Québec dit : “vous me devez un milliard de dollars” et qu’il envisage des recours en justice, ce n’est certainement pas la preuve d’une grande complicité ou d’une relation main dans la main ».

Le chef bloquiste critique l’attitude du ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller. « Un ministre ne peut pas fuir la reddition de comptes. Il doit répondre de ses choix puis de ses gestes. Donc, je pense que M. Miller qui est très méprisant à l’endroit des élus de la Chambre des communes va devoir répondre à des questions. Parce qu’ils vont nous dire : “nous, on est main dans la main avec Québec” », a ajouté M. Blanchet.