(Québec ) À l’instar de l’aide médicale à mourir ou du rapport Rebâtir la confiance sur l’accompagnement des victimes d’agressions sexuelles et de violence conjugale, la députée solidaire Christine Labrie veut faire de la qualité de vie des aînés un enjeu transpartisan.

Elle demande à Sonia Bélanger, ministre responsable des Aînés et ministre déléguée à la Santé, de tenir des états généraux sur le sujet dans le contexte du vieillissement de la population. « Cela a un impact sur tout le monde. Tout le monde, un jour, va être proche aidant », plaide la députée de Sherbrooke.

« Quand on n’est pas capable de répondre aux besoins des personnes aînées, cela a un impact sur elles, sur leurs proches aussi. On a tous besoin de ce chantier-là », ajoute Mme Labrie. Selon la solidaire, « le Québec n’est pas prêt » à affronter ce profond changement démographique. En 2030, on prévoit notamment que le quart de la population sera âgée de 65 ans et plus.

Christine Labrie dit aujourd’hui « tendre la main » à Mme Bélanger pour qu’elle « prenne le leadership » et crée un comité transpartisan qui pourrait mener une vaste consultation sur cet enjeu.

« Je sens à quel point la politique alimente le cynisme. Ce que j’ai vu dans les dernières années, ce qui a le plus nourri l’espoir envers la politique, c’est vraiment les chantiers transpartisans », assure celle qui a fait partie du comité sur l’accompagnement des victimes d’agressions sexuelles et de violence conjugale.

Ce comité transpartisan composé aussi d’experts a accouché du rapport Rebâtir la confiance, qui a notamment permis la création de tribunaux spécialisés.

« Il n’y a pas d’élus à l’Assemblée nationale en ce moment qui ne s’inquiètent pas du fait que le Québec n’est pas prêt pour le vieillissement de la population. On est tous très conscients qu’on n’est pas capable en ce moment d’assurer la qualité de vie des aînés », déplore Mme Labrie.

Du moment que l’on constate que tout le monde partage cette préoccupation-là, pourquoi on n’est pas en train de travailler ensemble ?

Christine Labrie, de Québec solidaire

La députée solidaire lance l’invitation à Mme Bélanger alors que cette dernière devait participer à une interpellation – une procédure parlementaire lors de laquelle un élu répond aux questions de l’opposition – au Salon bleu ce vendredi. Or, la ministre n’y sera pas en raison d’un conflit d’horaire. C’est le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire, qui remplacera sa collègue.

« L’invitation que je lui lance [n’]a pas de date de péremption », a-t-elle dit.

Pas de « portrait clair »

Christine Labrie estime que des états généraux sur la qualité de vie des aînés permettraient de brosser un portrait juste des besoins à venir sur une série d’enjeux, comme l’habitation, la mobilité, l’aménagement des espaces publics et l’accès au numérique. Il ne faut se limiter aux questions qui concernent la santé et l’hébergement, croit-elle. D’ailleurs, elle demande que plusieurs ministères soient impliqués.

« Le phénomène du vieillissement de la population, le Québec va le vivre pendant plusieurs décennies. Donc ce serait quoi de prendre un an, deux ans ensemble pour s’y préparer ? Cela aurait dû être fait il y a des décennies déjà, ça fait longtemps qu’on pouvait le voir venir », ajoute Mme Labrie.

Pour l’instant, elle affirme que le Québec a l’heure juste uniquement en matière de soutien à domicile grâce à la vaste enquête de la commissaire à la santé et au bien-être, Joanne Castonguay.

Le gouvernement a mené récemment une consultation publique en vue de l’élaboration du troisième plan d’action issu de la politique gouvernementale Vieillir et vivre ensemble, chez soi, dans sa communauté, au Québec, pour la période 2024-2029.